Italjet
125 cm3 Buccaneer - 1974
Yamaha contourne la règle et Italjet en profite
Juste que dans les années 80, l'Italie protège ses constructeurs en interdisant la vente de motos de moins de 170 kg ou de moins de 380 cm3 si elles ne sont pas construites en Italie. Cette loi va pousser par exemple Honda et Yamaha à réaliser la fabrication de leur 125 en Italie sur ce marché alors en pleine effervescence. À la fin des années 60, Italjet et son emblématique créateur Leopoldo Tartarini, font feu de tout bois. En plus de multiplier les modèles en laissant s'exprimer sa créativité, Tartarini, qui importe déjà les CZ de motocross, a un coup de génie en signant en 1968 un contrat d'importation avec Yamaha dont, justement, les motos sont interdites de séjour par les lois protectionnistes alors en vigueur dans la botte.
Les petits chevaux italiens de papier
Les premières importations se font d'une manière un poil tortueuse en passant par la filiale turque de Yamaha, car même les moteurs japonais séparés ne peuvent entrer en Italie. Sur la base de ces "Yamaha à la turque", Tartarini réussit un joli tour de passe-passe en présentant sous sa propre marque Italjet au salon de Milan de novembre 1971 sa Buccaneer bicylindre, fruit de ses accords secrets avec Yamaha qui lui vend des moteurs de YAS1. Celui monté sur les premières versions de la Buccaneer reste parfaitement identique à celui de la Nippone à ceci près qu'il perd son graissage séparé et fonctionne au mélange à 5 %. Optimisme italien ou traduction dans les normes CUNA alors en usage de l'autre côté des Alpes, la puissance annoncée est passée de 15 (c'était déjà beaucoup) à 18 ch à 9 500 tr/min et la vitesse a bondi (sur le prospectus) de 120 à 135 km/h, tandis que le poids reste quasi identique à 98-99 kg. Tout a pourtant changé dans la partie cycle, l'habillage et l'équipement pour justifier le tampon "made in Italy" et le talent de Tartarini s'est pleinement exprimé. Le cadre simple berceau interrompu de la Japonaise est remplacé par un très moderne double berceau avec des suspensions avant et arrière Marzocchi. La roue avant grandit et les sections des pneus augmentent passant de 2,50 x 18" avant et 2,75 X 18" arrière à 2,75 x 19" et 3,50x 18" avec des jantes alu en place des jantes acier à partir de 1974. Les premières versions de la Buccaneer ont un frein avant double came de 140 mm qui est remplacé par la suite par un double frein simple came, puis par un disque, puis encore par un double disque sur les dernières versions de 1979 à roues en alliage léger. Le moteur, bien que toujours estampé Italjet AS1, suit l'évolution des modèles Yamaha, mais le cache avant droit du carter qui recouvre la pompe du graissage séparé reste curieusement vide jusqu'en 1976. Autre bizarrerie, la serrure de contact entre les compteurs (Veglia puis Yamaha d'origine) a disparu pour trouver place sous l'avant du réservoir. De 1971 à 1979, il se vendra plus de 2 700 Buccaneer. Il semble en revanche que les différentes versions trail-enduro sur base des 125 Yamaha aient eu moins de succès.
Fin de l'importation et succès en compétition
Italjet propose aussi une version coursifiée de la Buccaneer qui remporte à trois reprises le championnat italien junior de 1973 à 1975. Même si Yamaha continue à lui fournir des moteurs jusqu'en 1979, Italjet perd le contrat d'importation en 1976 au profit de Belgarda qui deviendra plus tard Yamaha-Italie. Tartarini va, comme d'habitude, rebondir vers de nouveaux horizons en devenant cette fois importateur Bultaco, ce qui va lui permettre de proposer une gamme de motos de trial à partir de 1979.
Moteur Yamaha bicylindre 2 temps refroidi par air - 124 cm3 (43 x 43 mm) - 18 ch à 9 500 tr/min - Allumage par volant magnétique - Lubrification par mélange 5% - Boite 5 vitesses - Embrayage multidisque - Transmission finale par chaine - Cadre double berceau tubulaire - Fourche avant télescopique Marzocchi - Suspension arrière par bras oscillant et 2 amortisseurs Marzocchi - Freins AV à tambour double came ø 140 mm - Frein AR à tambour ø 140 mm - Pneus AV 2,75 x 19", AR 3,50 x 18" - 100 kg - 135 km/h (données Italjet).
Évidemment non diffusée en France, cette italo-nippone est aujourd'hui une belle pièce de collection.