Iver Johnson est né en 1841 à Nordfjord en Norvège, il débute sa carrière dans son pays en tant qu'armurier et restera d'ailleurs avant tout un fabricant d'armes. Il émigre en 1863 au États-Unis est s'installe à Worcester, Massachussetts, où il ouvre un magasin de fabrication et de vente d'armes à feu. Grâce à la guerre de sécession, mais aussi à ses compétences, l'activité se développe et, en s'associant avec Martin Bye, il créé la Johnson Bye & Company en 1871. La qualité des armes produites leur assure un développement rapide. Johnson rachète les parts de Bye en 1883 et la société prend sa dénomination finale en 1891 en devenant la Iver Johnson's Arms & Cycle Works quand Johnson décide d'ajouter la fabrication de bicyclettes à son catalogue. Pour cela, il déménage dans une usine plus grande à Fitchburg, toujours dans le Massachusetts. Johnson décède de la tuberculose en 1895 et ce sont ces 3 fils qui prennent la suite. 

Les modèles phare des vélos Iver Johnson sont reconnaissables au premier coup d'oeil grâce à leur cadre avec un tube courbé de renfort en forme de pont en dessous du tube supérieur (dit Truss-bridge frame). Cette disposition va être reprise sur les cadres de motos et donner sa forme caractéristique au réservoir. La première moto arrive sur le marché en 1911 et va initier le style des Iver Johnson pour toute la durée de leur courte carrière. C'est un monocylindre de 4-5 HP, soit 500 cm3, à distribution latérale. La particularité du moteur, dessiné et fabriqué par Iver Johnson, est un arbre horizontal sur le côté droit du moteur, entrainé par un engrenage hélicoïdal sur la queue du vilebrequin. Il porte les cames et entraîne aussi la magnéto positionnée devant le moteur. Le cadre est un simple berceau interrompu, la fourche avant est à roue poussée et lames de ressort. La transmission finale se fait par courroie. Il n'y a pas de boîte de vitesses, mais quand même un embrayage en bout de vilebrequin. 

Le premier bicylindre est proposé en 1913, il reprend les mêmes côtes moteur que le mono. C'est un bicylindre en V ouvert à 60° avec une distribution latérale et un vilebrequin à deux manetons qui innove avec, sans doute, le premier exemple de calage hors normes (bien qu'un autre essai aurait été effectué par Alldays Onions). Les manetons sont ainsi calés pour que les deux pistons montent et descendent en même temps, lui donnant ainsi un son de vertical twin britannique avant l'heure. (Un comble alors tous les bicylindres parallèles contemporains sont calés à 270° à l'imitation des V twins). Autre particularité, il n'y a pas d'arbre à cames à proprement parler ! Des bossages sur l'extérieur du pignon externe d'un engrenage planétaire entraîné par la queue du vilebrequin permettent d'ouvrir et fermer les soupapes. Le cadre est identique à celui du monocylindre, mais une version avec suspension arrière à lames de ressort est disponible. L'entraînement de magnéto par chaîne est plus classique que sur les monocylindres. Les nouveautés pour 1915 sont un démarrage au kick, la lubrification par pompe automatique et une boîte de vitesses à 2 rapports montée en bout de vilebrequin disponible pour toute la gamme. Malheureusement, celle-ci ne va pas supporter la puissance du bicylindre, elle est remplacée en 1916 par un classique (pour une moto américaine) moyeu à deux vitesses de marque Eclipse. La relative discrétion des Iver Johnson dans les revues américaines à l'époque, en particulier dans les pages de réclame, tend à prouver que la diffusion a été confidentielle. Devant la demande grandissante en armes dûe à la première guerre mondiale, Iver Johnson décide de stopper en 1916 la fabrication des motos qu'elle ne reprendra pas. Les vélos de la marque seront commercialisés jusqu'en 1940, et la fabrication d'arme perdure jusqu'en 1993.