Janoir
1000 type A
1920
Génial futurisme
L'ingénieur Louis Janoir, pionnier, pilote et constructeur d'avions, d'hydravions et d'automobiles à Saint-Ouen dans la proche banlieue parisienne est, entre autres avec Guynemer l'un des auteurs du fameux SPAD.
Comme bien d'autres avionneurs, Janoir se lance dans la moto après l'armistice de 1918 et
sa première réalisation apparaît au salon de l'automobile en 1919. C'est une 1000 cm3 flat twin quatre temps en long à soupapes parallèles et culbutées et bloc moteur avec une boite trois vitesses. Les carters monobloc intégrent les cylindres chemisés acier, les pistons sont en aluminium et une pompe mécanique assure la lubrification. La partie cycle est tout aussi révolutionnaire avec un cadre en tubes droits et des suspensions avant type Hardtle comme sur les
Harley-Davidson et arrière oscillante. Commandes par poignées tournantes, éclairage électrique, marche-pieds et pare-jambes ; vraie vision d'avenir, cette Janoir resta, hélas, un rêve de salon.
Elle est suivie par une version totalement différente à l'architecture du moteur près, bien que celui-ci n'ait rien à voir dans sa disposition de ses organes internes. Le cadre est cette fois en tôle rivetée avec une suspension avant pendulaire sur lames de ressort et une suspension arrière oscillante contrôlée par des ressorts à lames. Catte Janoir v2 est cette fois homologuée, mais toujours pas commercialisée.
Et puis vint la mouture finale ou type A au salon de Paris en octobre 1920.
Le moteur n'évolue pas dans ses grandes lignes par rapport à la version précédente, mais les soupapes sont latérales, l'embrayage à disque conique redevient multidisque. Ce bloc moteur est suspendu sous le cadre affiné en tôle emboutie rivée et soudée à l'avant à la colonne de direction dès lors beaucoup plus élégant et le réservoir d'essence de 16 litres qui s'y incruste donne un aspect particulièrement net. L'oscillation de la fourche avant est contrôlée par deux ressorts à lames, tandis que le bras de suspension arrière monté sur roulements intègre des ressorts à lame semi-cantilever. Le démarrage s'effectue par manivelle et il n'y a qu'un seul frein à tambour à l'arrière ce qui semble logique, car frein avant et fourche pendulaire n'ont jamais fait bon ménage !
Elle est proposée au salon de Paris à 6200 F en solo ou 7500 avec side-car, un prix peu convaincant, car le marché regorge alors
d'Harley et
Indian des surplus américains vendues environ 6000 F avec side. Top en avance, la Janoir n'enregistre que 41 commandes alors que Louis Janoir tablait sur une production de 300 motos et la SA des Ets Janoir est déclarée en faillite en juin 1923.
Bloc-moteur bicylindre à plat 4 temps - 964 cm3 (85 x 88 mm) - 8 ch/2000 tr/min - Cylindres alu chemisés acier et culasses fonte démontables - Soupapes latérales, arbre à cames commandé par vis sans fin - Vilebrequin monobloc sur 2 paliers, bielles à chapeau - Carburateur Zenith - Carter humide et pompe de circulation - Allumage magnéto Salmson - Dynamo Bosch - Cadre en tôle emboutie, moteur suspendu semi-porteur - Démarrage par manivelle - Suspensions av. pendulaire sur double ressort à lames enfermés, ar. oscillante sur ressorts semi-cantilever - Roues interchangeables, pneus 28 x 3 (22") - Frein arrière à tambour - Réservoirs 16 l, huile 2 l - 95 km/h.
Ce seul exemplaire survivant superbement restauré et fonctionnel est du type A de 1920 tandis que le tableau en vignette montre la version du salon de 1919.