Junior
350 cm3 - 1925
Le low cost ne fonctionne pas toujours
La marque Junior est créée en 1924 à Antignano dans la province de Livourne par Edoardo Mascagni, fils aîné de Pietro Mascagni, grand compositeur d'opéra, auteur entre autres de la Cavalleria Rusticana. Volontaire dans l'aviation lors de la Première Guerre mondiale, Edoardo déclarait volontiers "Même les moteurs font de la musique, et je suis tombé amoureux de cette musique". En 1924, 42 constructeurs italiens occupent déjà le marché, principalement avec des motos ne dépassant pas les 175 cm3, cylindrée favorisée par la législation. Pour se différencier, Edoardo Mascagni tente le pari de la moto économique de "grosse cylindrée", une 350, segment moins prisé par les marques italiennes, mais bien occupé par les marques étrangères.
Une fabrication rustique et un prix de vente imbattable
La Junior est équipée d'un moteur maison monocylindre deux-temps longue course à trois transferts de 350 cm3 accouplé à une boite à deux rapports. De conception volontairement rustique pour limiter les coûts, le cylindre est borgne et le piston est à déflecteur (du classique pour l'époque). La transmission finale se fait par courroie et le freinage par deux patins sur la poulie-jante à l'arrière avec commande au pied et au guidon. Les plus de la Junior ? Ses réservoir et échappement en laiton, un vilebrequin monté sur roulements à billes et un ensemble moteur-boite solidarisé par deux grandes plaques en acier fixées par 3 boulons au cadre qui, contrairement aux apparences, est bien un simple berceau ininterrompu. Tous les boulons de la partie cycle sont de la même taille. Les roues sont à broche, avec les freins qui restent en place lors du démontage. Les défauts? :Un refroidissement insuffisant dû à un ailetage sous-dimensionné du cylindre borgne. Bizarrement, la bougie est sur l'arrière alors que le décompresseur est à l'avant. C'est généralement l'inverse, surtout sur un deux-temps de l'entre-deux-guerres ou la bougie reste le talon d'Achille. Autre problème, la chaine d'entrainement de la magnéto et la chaine primaire sont à l'air libre! Proposée à 4 000 lires en 1924, la Junior est incroyablement économique face par exemple à une Garelli 350 Turismo affichée à 6 650 lires. En 1925, la courroie passe de droite à gauche et la boîte gagne un rapport. En 1926, la 350 est revue en profondeur avec un nouveau cadre triangulé dont le tube supérieur forme une ligne droite allant de la colonne de direction au moyeu de roue arrière, des freins a tambour et une transmission secondaire par chaine. Le prix, qui passe 5 000 lires, reste pourtant concurrentiel.
Cela aurait dû être un succès, mais...
Cela aurait dû être un succès, mais seulement 300 unités environ de Junior sortent des ateliers tout modèles confondus. Les quelques "défauts" de conception ont probablement pesé lourd dans la balance. Tout en continuant une politique de prix bas, Junior tente la diversification en proposant, en plus du moteur d'origine, une 175 à moteur JAP en version culbutée ou latérale à partir de 1928. Sur demande, la Junior peut aussi être équipée d'un moteur Blackburne 250 ou 350 à partir de 1927. En 1933, la fabrication de la 350 deux-temps est arrêtée et Junior propose une 350 à moteur JAP culbuté ainsi qu'une 175 deux-temps à moteur Villiers. La marque Junior disparait en 1935 et Edoardo Mascagni, lieutenant du génie, part en Afrique orientale (future Éthiopie) pour y construire des routes. Il y décède de la malaria en 1936 à l'âge de 46 ans.
Moteur monocylindre 2 temps refroidi par air - 345,9 cm3 (72 x 85 mm) - environ 7 ch - Piston a déflecteur - 3 transferts - Carburateur Amac - Allumage par magnéto Bosch entrainé par chaine - Lubrification par mélange - Boite 2 puis 3 vitesses commandée par levier sur le côté droit - Embrayage multidisque - Transmissions primaire par chaine, secondaire par courroie - Cadre simple berceau tubulaire ininterrompu - Fourche à parallélogramme - Pas de suspension arrière - Double frein à patin sur poulie jante à l'arrière - Pneus AV et AR 2.75 x 21" - 75 kg - environ 80 km/h.
Conservé dans la Collection Battilani, cet exemplaire qui semble être le seul survivant, a une transmission finale par chaine, une modification d'époque fort bien réalisée.