Kawasaki
250?Estrella - 1992
A rétro, rétro et demi
Le marché japonais de la moto est l'un des plus décalés qui soit, l'un des plus réceptifs aux modes aussi. Dans ce pays où les interdits de toutes sortes sont parmi les plus féroces, où la circulation est des plus intenses, les super-sport ont rencontré longtemps un succès sans équivalent en Occident. Mais le Japon n'en est pas à un paradoxe près
L'héritage de Meguro
Cette nation, considérée comme la plus moderne et la plus futuriste, est aussi celle qui, depuis la fin des années quatre-vingts, a engendré la vogue des motos-rétro. La Suzuki SW1 en est le plus pur symbole, la vague des "basiques" actuelles relève un peu du même mouvement, et l'Estrella pousse le raisonnement encore plus loin. Elle n'usurpe cependant pas son identité : avant 1960, quand les Kawasaki s'appelaient encore Meguro, une 250 existait déjà dans la gamme qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau.
La sagesse matérielle
Peinture bicolore, abondance de chromes, formes rondouillardes, selles séparées, clé de contact sous le réservoir, échappement saucisson, équipements électriques façon sixties, et même commande de distribution "à la BSA", rien ne manque à la panoplie du bonheur, évoquant l'époque bénie mais révolue de la croissance et de la sécurité. Et l'Estrella y ajoute un autre argument, beaucoup plus terre à terre : son prix, de l'ordre de 20 000 F (au Japon), reste très raisonnable, contrairement à celui de la trop sophistiquée SW1. Seules petites fautes de goût : les freins à disque et les amortisseurs arrière à bonbonne séparée, vraiment pas d'époque !
Monocylindre 4 temps refroidi par air - 249 cm3 (66 x 73 mm) - 20 ch/7 500 tr/min - Simple ACT, 2 soupapes - Carburateur Ø 34 mm - Lubrification par carter humide - Allumage électronique - Boîte 5 rapports - Transmission par chaîne - Cadre simple berceau tubulaire - Suspensions av. télescopique, ar. oscillante - Frein av. et ar. à disque - Roues de 18" et 17" - 142 kg - 125 km/h.
L'Estrella jouait à fond la carte du rétro. Elle fait remonter Kawasaki trente ans en arrière, lorsque ses 250 monocylindres s'appelaient encore Meguro.