Kingsbury
250 cm3 - 1920
La coqueluche de la patinette
«J'estime que cette machine doit remporter un succès énorme dans un avenir prochain, particulièrement parmi les dames et notamment chez tous ceux habitant la campagne.»
Snobisme aidant
Ainsi parlait, en 1919, l'ingénieur anglais Granville Bradshaw à propos de la patinette à moteur, un engin nouveau venu dans la famille des deux roues motorisés.?Né aux États-Unis, émigré en Grande-Bretagne, le scooter, autre nom de la patinette à moteur, sera la coqueluche de quelques téméraires élégantes ou de quelques personnages mondains, snobisme aidant.?Quant à rouler sur des chemins de campagne, G.?Bradshaw se faisait bien des illusions.
Le salut est dans le deux roues
Parmi les Autoped, Kenilworth,
Autoglider,
ABC Skootamota, Stafford Pup, Runbaken, Mobile Pupe ou autres Handy Scooter, le Kingsbury se fait sa petite place.?Il est produit par Kingsbury Aviation de Croydon dans la banlieue de Londres, une reconversion en somme : à la fin de la Première Guerre Mondiale, les usines d'aviation qui avaient fourni un considérable effort se trouvaient, les hostilités terminées, avec un carnet de commandes des plus légers.?C'est le cas d'ABC, déjà cité, ou encore de Gloucestershire Aircraft Co. : la première nommée fabriquera le Skootamota, la seconde l'Unibus ; ces firmes aéronautiques ne voyaient guère que dans le deux roues la solution.?Hélas, comme toute mode, cette première vogue du scooter sera brève et ne durera que quelques années.?Par contre, des maisons comme
BMW ou
Gnome & Rhône, qui se reconvertiront dans la vraie moto, connaîtront un bien meilleur sort. On notera quand même que Kingsbury produisit aussi, mais sans grand succès, une moto avec le même moteur puis une version portée à 349 cm3 (75 x 79 mm) et accouplé à une boîte 2 vitesses.
Plus sophistiqué qu'il n'y paraît
La version scooter (ou patinette motorisée) est plutôt sophistiquée pour son temps. Le châssis en tubes et profilés de fers plats est conçu pour offrir une certaine flexibilité et amortir les chocs et la roue avant est suspendue au moyen d'éléments télescopiques à doubles ressorts (comme sur les
Wooler 350 de la même époque). Le moteur deux temps possède une culasse détachable et cylindre et carter moteur sont réalisé en une seule fonderie. Le vilebrequin équilibré par un grand volant extérieur tourne sur bagues bronze et le piston, en fonte sur les premières versions sera plus tard remplacé un un piston en aluminium. La transmission, enfin, est assez caractéristique, avec une première chaîne directe jusqu'à un arbre intermédiaire sur roulements à billes devant la roue arrière puis une seconde chaîne vers un couple de pignons réducteurs dans un carter ou se fixe cette roue arrière..
Monocylindre vertical 2 temps à culasse détachable et refroidissement par air - 254 cm3 - 2 HP - (Poids du moteur seul sans magnéto 6,8 kg) - Allumage par magnéto C.A.V. - Carburateur Amac ou The Mills - Lubrification automatique - Transmission par chaîne primaire, 2e chaîne et réducteur devant la roue arrière - Châssis tôle et tubes plats, plateforme repose pieds boulonnée - Suspension av. coulissante - Roues flasquées - 2 freins ar. à sangle commandé à main et au talon droit.
En 1919, il fallait débourser quarante guinées pour s'offrir le Kingsbury qui était proposé avec ou sans siège, selon les préférences de son heureux (!) ?pilote. Le dessin en vignette montre le Kingsbury avec son siège arrière proposé en option qui devait certainement rendre la route un peu plus confortable.