Liner
250 TW2 - 1956
Le mauvais choix de Kitagawa Motors
Affilié au groupe Kitagawa, Liner démarre en 1952 sous la marque Portly avec un petit 150 cm3 à simple ACT entraîné par chaîne. Ce modèle est aussitôt suivi d'un 175 cm3 à soupapes culbutées, et Portly s'installe d'emblée parmi les dix premiers constructeurs nationaux.
Victime de ses surenchères technologiques
En revanche, dès 1954, la marque piétine et rétrograde en douzième position : la concurrence est déja rude et Liner a voulu suivre la voie de la sophistication en délaissant les machines économiques au profit d'un marché encore aléatoire, celui des belles motos. Elle a en particulier lancé en 1954 sa 250 TW, une copie quasi conforme de la 500 Sunbeam S8. Non seulement le choix du modèle n'est pas le plus avisé (ce twin longitudinal est un des plus jolis "loupés" techniques de la firme britannique), mais encore la marque se prive-t-elle ainsi du "gras" du marché avec un engin trop noble et trop coûteux à produire. Liner réitérera son erreur en 1955 avec une 125 très inspirée des NSU du moment. Ce choix est certes très défendable, puisque Honda l'a également fait... à une nuance près : à côté de ces machines évoluées, Honda construit aussi en grande quantité des motos très simples et rémunératrices. L'usine Kitagawa Motors, qui commercialise les Liner, est particulièrement bien équipée en machines-outils (et notamment en tailleuses d'engrenages), mais elle sera victime de ses surenchères technologiques et finira par être absorbée par Yamaha, sa voisine à Hamamatsu, en mars 1959.
Les louables efforts de la Liner
Profitant d'une réglementation en vigueur dans les années 50 qui interdit les importations sauf si l'usine déclare vouloir s'en inspirer, Kitagawa moto importe une Sunbeam 500 et comme la législation japonaise favorise les 250, il en fera une copie à échelle réduite qu'il commercialise sous sa marque Liner. Sortie en 1954, la Liner TW 250 anglophile sous tous les angles avec son bicylindre à simple ACT et transmission par arbre façon Sunbeam et une nacelle de phare que ne renierait pas Triumph. Elle ne revendique que 9 ch à 5500 tr/min, 1,43 kgm à 3000 tr/min, tout ça pour 160 kg. La version de 1955 relève un peu le gant avec 11,3 ch et 1,5 kgm à 4000 tr/min. Il faut quand même attendre la TW2 de 1956, ici photographiée, pour qu'elle séduise un peu plus de motards nippons. Elle a pour ce faire sacrifié à la mode en abandonnant sa nacelle de phare, en perdant 5 kg et en passant à 12ch grâce au changement de l'entraînement de l'ACT qui troque ses engrenages pour une chaîne. Un an plus tard, en 57 apparaît l'ultime mouture, la TW 3 avec un nouveau cadre un poil plus d'empattement. Elle a aussi retrouvé sa nacelle de phare et les roues sont passé de 19 à 18 ". Cette TW 3 se vante de 13,5 ch à 6 000 tr/min et 105 km/h, mais elle est revenue à 160 kg s'affiche à 198 000 ¥. Une Honda 250 C70 Dream de18 ch en vaut alors 169 000 et la toute nouvelle Yamaha 250 YDS1 vous offre 14 chevaux pour 185 000 ¥. La messe est dite.
Moteur 4 temps bicylindre en ligne et en long refroidi par air - 247 cm3 (55 x 52 mm) - 12ch/6000 tr/min - 1,5 kgm/4000 tr/min - Simple ACT entraîné par chaîne - 1 carburateur - Démarrage au kick - Boîte vitesses sélecteur à gauche - Transmission finale par arbre et cardans - Cadre double berceau - Suspensions av. à roue poussée et 2 amortisseurs type Earles, ar. oscillante à 2 amortisseurs - Freins à tambour - Pneus 3,00 x 19" - 155 kg - 90 km/h
Cette rare 250 Liner TW2 de 1956 témoigne de l'effervescence technologique chez les constructeurs japonais qui partaient à la découverte de tous les horizons possibles. La TW2 possède normalement un volumineux cache latéral qui manque ici comme la batterie.