Laverda
200 Bicilindrica - 1962
"La moto pour le tourisme exigeant"
La 200 bicylindre s'inspire des Triumph de l'époque qui fascinent Francesco Laverda et elle n'en reprend pas que l'idée du twin quatre temps, mais aussi celle du cadre à partie avant simple berceau dédoublé associé avec une coque arrière en tôle emboutie façon "Bathtub" des 350 3TA et 500 5TA de 1957 et 59. Un choix aussi économique en fabrication qu'efficace sans compter qu'il confère à la nouvelle 200 une image de "petite Anglaise" alors fort appréciée de l'autre côté des Alpes. Le slogan de la marque pour les 75 et 100 "Le rêve des jeunes" se transforme pour la 200 en "La moto pour le touriste exigeant". Le ton est donné, et la 200 Bicilindrica présentée au salon de Milan de 1961 semble avoir tous les atouts pour réussir.
Une petite Anglaise, en mieux
Les cotes super carrées ont tout naturellement celles du 100 cm3 (52 x 47 mm) dont il reprend bielles, pistons et soupapes, mais c'est à peu près tout ce que le nouveau bicylindre a en commun avec son prédécesseur. Les soupapes inclinées et disposées transversalement sont commandées par tiges et culbuteurs avec un seul arbre à cames (deux sur le 100) placé devant le vilebrequin. Ce dernier est assemblé, calé à 360° (comme les motos britanniques d'alors) et supporté par quatre paliers, dont un central à double roulement. Culasse et bloc-cylindres (chemisé fonte) sont en alliage léger. La disposition de soupapes a aussi conduit à un emplacement curieux des bougies sur l'arrière des cylindres. Notons encore au chapitre des différences avec le 100 cm3, l'embrayage monodisque à cône en bain d'huile et non plus multidisque. On note, ce n'est pas encore la règle en Italie, que le sélecteur double branche, commandant la boîte à quatre rapports est à gauche. Ce beau bloc soigné dans tous ses détails est fixé sur silent blocs avant et arrière dans un cadre mixte tubes et tôle emboutie avec des suspensions à amortissement hydraulique, des roues de 18 pouces à l'avant et de 17 à l'arrière et de beaux moyeux freins de ø 170 mm. Elle pèse 120 kg à sec et, alimentée par un seul modeste carburateur de ø 18 mm, elle annonce 11 ch à 6500 tr/min et 120 km/h. La 200 débarque sur le marché début de 1962 dans de frais coloris vert clair, bleu ciel ou orange. Affichée à 218 000 lires, à peine 60 000 de plus que le 100 cm3, elle est tout à fait bien placée face aux monos Gilera 175 et Ducati 200 et bien moins chère que la Gilera bicylindre 300 cm3.
Pari gagné ? Pas vraiment,
Comme en France et en Allemagne, le marché italien s'écroule. Laverda prévoit de relancer ses ventes en 1964 avec une version Sport dotée de deux carburateurs et d'une boucle arrière du cadre tubulaire qui promet 15 chevaux et 140 km/h, mais qui ne verra jamais le jour. Fin 1964, Laverda décide de levier le pied et de se concentrer sur ses nouvelles 125 Sport et Trail à monocylindre horizontal et surtout sur son nouveau et ambitieux projet d'une grosse cylindrée 650 cm3. La 200 survivra sans grand succès jusqu'en 1968 avant de quitter définitivement la scène. Il en aura été produit 4500 unités dont 2000 vendues en Italie et une grande partie exportée aux États-Unis sous label American Eagle et en Grande-Bretagne sous label Gemini.
Moteur 4 temps refroidi par air bicylindre vertical calé à 360° - 199,6 cm3 (52 x 47 mm) - 11ch/6500 tr/min - Soupapes commandées par tiges et culbuteurs - 1 carburateur Dell'Orto ø18 mm - Graissage par circulation - Embrayage monodisque humide - Boîte 4 vitesses, sélecteur à gauche - Démarrage au kick - Transmissions primaire par engrenages, secondaire par chaîne - Cadre simple berceau tubulaire dédoublé sous le moteur et coque arrière en tôle emboutie - Fourche avant télescopique, suspension arrière oscillante à 2 combinés - Moyeux freins av. et ar. ø 170 mm - Pneus av. 2,50 x 18", ar. 3,00 x 17" - 120 kg - 120 km/h.
Les Laverda de la fin des années 60 sont plutôt rares en France, mais certaines ont quand même franchi les Alpes comme celle-ci.