MV Agusta
150 Bicilindrico - 1967
Le sursaut italien des sixties
Au début des années 60, en Italie comme ailleurs, le marché est en perte de vitesse. MV Agusta, grâce à la passion et à la fortune du comte Domenico Augusta, dépense sans compter dans son écurie de course, mais n'investit plus beaucoup pour moderniser la gamme de motos de route. L'avènement de la société des loisirs au milieu des années 60, en particulier aux États-Unis, réveille l'Italie qui crée un flot de nouveautés et de prototypes. Pour MV Agusta, le renouveau débute au salon de Milan en novembre 1965 avec la présentation de la 600 4 cylindres. Enfin MV Agusta se décide à assouvir le rêve des motards, même si ceux-ci seront partiellement déçus par l'orientation tourisme de la moto. La 600 n'est pas seul sur le stand MV Agusta, c'est un foisonnement de nouveautés avec deux nouvelles versions du cyclo Liberty, le Super Sport et l'America, la 125 Gran Turismo Lusso en version standard et Scrambler et une nouvelle 250 bicilindrica qui n'a plus rien à voir avec l'ancienne.
MV Agusta casse les codes
Surprise, deux ans plus tard au salon de Milan de 1967, MV Agusta présente un prototype à moteur bicylindre deux temps. MV Agusta va à l'encontre de toutes ses habitudes avec ce 150 cm3 Bicilindrico (et pas bicilindrica, sans doute pour bien noter la virilité du modèle !). Les cylindres inclinés à 45° sont, affirme l'usine, alimentés par des distributeurs rotatifs (pourtant très décrié par le comte Agusta) sans qu'on sache comment ce dispositif, invisible sur les photos, est installé. Sont bas-moteur ovoïde et l'ailettage du bloc cylindre lui donne un vague ressemblance avec les
Motobi. La boîte est à cinq rapports et le Bicilindrico annonce des performances brillantes pour son époque avec 12 ch à 8000 tr/min et 125 km/h. La partie cycle est tout aussi inhabituelle pour MV Agusta tout du moins dans sa partie avant avec le moteur en porte-à-faux accroché (comme pour les
motos et scooters Rumi) sous un double berceau interrompu en tubes. La partie arrière du cadre est par contre typique de MV Agusta et semble empruntée aux autres modèles de la gamme avec deux crosses en tôle emboutie qui supportent les amortisseurs arrière, un schéma de construction utilisé par la marque depuis sa première 125 à suspension oscillante en 1947. Le réservoir est celui apparu en 1965 sur le Liberty, le 50 Super Sport de la marque.
Prototype seulement, hélas !
Hélas, cette étonnante machine ne vécut que le temps d'un salon et même les journaux italiens de l'époque ne la décrivent qu'en quelques lignes. Le culte du secret est une règle dans l'usine de Gallarate et nul n'en saura plus que les quelques chiffres donnés en pâture aux journalistes en 1967. Pour MV Agusta, l'embellie va être de courte durée, les ventes ne décollent pas et la gamme devient bien vite obsolète. La mort de Mario Agusta, vice-président de la société en septembre 1969 et surtout celle de Domenico Augusta début 1971 signe la fin de ces études nées de la passion plus que de la raison.
Moteur bicylindre 2 temps refroidi par air, incliné de 45° - 146,2 cm3 (45 x 46 mm) - 12 ch/8 000 tr/min - Distributeurs rotatifs - Boite 5 vitesses - Embrayage multidisque à bain d'huile - Transmission finale par chaîne - Cadre à structure mixte, double berceau tubulaire interrompu à l'avant avec moteur suspendu et tôle embouti à l'arrière - Fourche télescopique - Suspension arrière par bras oscillant et 2 amortisseurs - Freins AV et AR à tambour - Pneus Av. et Ar. 2,75 x 18" - 125 km/h
Quel coup de folie touche-t-il l'Italie en cette fin des années 60 où chaque salon apporte son lot de prototypes dont, malheureusement, ce sera pour beaucoup, la seule apparition publique.