La moto est en crise dans les années 60. En France, il se vend péniblement quelques centaines de deux roues de 125 cm3 et plus par an. Motobécane, dernière marque française sur le créneau, jette l'éponge en 1964 et arrête la fabrication des 125 et 175. Avec l'avènement de la société des loisirs en Europe à la fin des années 60, c'est encore Motobécane qui amorce une montée en cylindrée timide avec la D75 au salon de 1968. Le vrai renouveau arrive au salon 1969 avec la présentation de la DC 125 S bicylindre 2 temps qui arrive en concession courant 1970. 

 

Le moteur, dont les cylindres indépendants, culasses, avec des pistons et bielles extrapolés de la D75, présente des solutions techniques originales, comme le vilebrequin en cinq parties emmanchées à force avec un roulement central graissé à vie, les cylindres chromés dur (procédé ayant fait ses preuves sur les Mobylette) ou le plan de joint horizontal du carter avec une précision d'usinage telle qu'il n'y a pas besoin de joint. Motobécane a aussi une longueur d'avance avec l'allumage électronique Novi (pionnier en la matière avec la 50 SPR dès 1963). Différenciation encore pour le cadre avec un double berceau passant au-dessus du moteur suspendu. Sa conception rigide, associée à une fourche Ceriani et des amortisseurs arrière Telesco, lui confère une excellente tenue de route. Les freins à simple came Grimeca sont parmi les meilleurs de leur temps. Quelques défauts de jeunesse, malheureusement. La boîte de vitesse avec son verrouillage à billes est fragile si on la brutalise et l'allumage électronique supporte mal les fortes variations d'intensité. Il sera remplacé par un modèle fiabilisé à partir de mai 1973. On déplorera aussi le kick non repliable, le sélecteur à droite alors que la norme germano-nippone est en train de l'imposer à gauche, l'absence de batterie (éclairage alimenté par volant magnétique), de graissage séparé et de béquille latérale ou l'instrumentation de piètre qualité avec un totaliseur ne dépassant pas les 10 000 km. La critique qui handicape le plus la Motobécane porte toutefois sur son style. Avec son haut moteur ressemblant aux cyclomoteurs de la marque et le vide sous le réservoir, la 125 DC est qualifiée de "grosse Mobylette''. Ce deuxième point est corrigé avec la Motobécane 125 L (Pour luxe) en septembre 1970 où des caches latéraux comblent le vide et masquent la batterie pour l'alimentation de l'éclairage et des clignotants nouvellement ajoutés. 

 

Malgré les critiques et la réticence du réseau (qui ne comprend pas moins de 5000 agents) occupé à vendre des vélos et des Mobylette, sur les 7 mois de commercialisation en 1970, 2 285 machines trouvent preneur. La DC, proposé à 2?900 F, se positionne favorablement entre les utilitaires tels que la Honda CD 125 (2 800 F) et les sportives Yamaha 125 YAS1 (3 300 F) et Suzuki T125 (3 500 F). La DC standard est vendue jusqu'en 1974 et la L jusqu'en février 1973. Entre-temps, la LT est présentée en mars 1972, ouvrant une lignée qui se termine en 1980 avec les dernières LT3.