New Imperia

175 cm3 -DS-4 - 1952

Un cadre en alliage léger révolutionnaire

La production quasi artisanale des motos New Imperia n'est certes pas, et de loin, la plus importante... mais qu'importe la quantité, les New Imperia à cadre en alliage léger méritent qu'on s'y attarde. Leur créateur, Armand Renoud-Lyat, s'est intéressé au duralumin dès 1929 et les publicités de sa marque présentent ses premières motos à cadre en alliage léger dès 1932, ce qui leur donnerait également la primeur pour l'utilisation du duralumin forgé.

Des motos à cadre en alu dès 1929

Armand Renoud-Lyat, ingénieur-mécanicien émérite, a fait ses débuts chez Monet & Goyon à Mâcon puis chez Terrot à Dijon, avant d'ouvrir en 1926 son propre atelier de mécanique générale à Villefranche-sur-Saône. Ses premières activités s'exercent plus sur quatre roues que sur deux, mais la moto connaît alors une telle expansion que le bel Armand cède à ses démons et devient constructeur de motocyclettes. Nous sommes en avril 1929 et, suivant la mode déjà anglophile en ce domaine, Armand Renoud-Lyat baptise sa marque d'un nom à consonnance bien britannique : New Imperia. Ce bel effort de dénomination n'étant pas suivi de publicité, les journaux spécialisés de l'époque s'abstiennent consciencieusement d'en donner écho. Ils ratent ainsi un beau scoop avec les quatre temps culbutés de 250, 350 ou 500 cm3 que notre bon Armand propose en 1932. Cette grande première en France de l'utilisation du duralumin pour un cadre de moto ne se contente pas de suivre les Neander de 1925-26, les prototypes d'Abram Neiman en 1929 et la grande série des Ardie qui en est dérivée à partir de 1930, elle inaugure une fabrication beaucoup plus sophistiquée avec des éléments forgés et non plus en profilés de tôle de dural pliée comme sur les Allemandes précédentes.

La moto légère la plus moderne de l'immédiat après-guerre

Dopé par le renouveau de l'après-guerre, Armand Renoud-Lyat revoit entièrement son cadre en 1948 en ne conservant que la poutre supérieure et quelques accessoires. Il choisit aussi une nouvelle technologie avec l'APM (Aluminium Powder Metallurgy), moins coûteux en grande série et surtout réputé pour la précision et le fini des pièces ainsi moulées. L'APM, qui est un procédé de fabrication et non un alliage, a pour principal avantage d'éliminer toute perte de métal en copeaux ou découpages divers. La poudre de métal est compactée, frittée (assemblage à chaud), puis forgée et traitée thermiquement. Exit les deux berceaux et les quatre tirants de la triangulation arrière des modèles des années 30 qui sont remplacés par deux uniques pièces, à droite et à gauche, qui en cumulent toutes les fonctions et se boulonnent à l'avant et à l'arrière de la membrure supérieure. Ces belles platines supportent à l'arrière une suspension coulissante de fabrication maison. Histoire de ne rien devoir à personne, Armand dessine aussi sa propre fourche télescopique, couverte dans sa partie supérieure par d'élégants caches nervurés servant de fixation au phare, le tout en alliage d'aluminium évidemment, tout comme les tés de fourche. La première version de la DS4 (pour Duralumin, Suspension et 4 temps) homologuée en novembre 1948 est animée par un 150 cm3 AMC. La version de 1952 ici présentée a un AMC 175 quatre temps culbuté dans sa rare version D à boîte 3 vitesses et le catalogue envisageait même un modèle utilisant le 250 cm3 à ACT des Ateliers de Mécanique du Centre.

Trop complexe et trop chère

Les côtés du cadre en une seule pièce étant trop onéreux et complexes à fabriquer, Armand garde pour lui l'exemplaire unique ici en photo dans sa version 1952 et prépare, pour la commercialisation prévue en 1953, une partie cycle simplifiée. La membrure supérieure y est désormais boulonnée sur un tirant vertical qui supporte l'arrière du moteur (à 4 vitesses) et les deux berceaux latéraux boulonnés perdent leurs encombrants renforts verticaux. Il est dit qu'Armand proposa la licence de son projet à ses anciens employeurs Monet-Goyon et Terrot, mais sans aucun résultat.

Moteur AMC type D quatre temps refroidi par air - 170 cm3 (58 x 69 mm) - 8ch/6000 tr/min - Soupapes culbutées - Carburateur Amal - Allumage par volant magnétique - Boîte 3 vitesses sélecteur à droite - Transmission par chaîne - Cadre à double berceau démontable en alliage léger AMP - Suspension AV. télescopique, AR. oscillante à 2 amortisseurs - Freins à tambour ø 150 mm - Pneus 2,50 x 19" - env. 80 kg -100 km/h.

La 175 DS4 version 1952 d'Armand Renoud-Lyat réapparue aux Coupes Moto Légende 2011 montre bien (entre autres) que les parties hautes de la fourche ne sont que des caches en alu. Notez aussi l'élégante suspension de selle qui comprime un bloc de caoutchouc dans un logement horizontal en-dessous. (Collection D.M.)