Une Norton 34 ? C'est une 500 type 18 équipée d'une boîte 4 Norton ! Et si son moteur était un 600 cm3, ce serait une type 24. À première vue, à part la forme du couvercle de boîte et la chaîne secondaire à droite, on ne voit pas de différence avec une Norton 18. Il n'y a effectivement rien d'autre, mais une Norton type 34 est infiniment plus rare qu'une 18, laquelle est déjà loin d'être courante, surtout en entre-tubes !

Ceux qui connaissent les Norton seront intrigués par la chaîne secondaire à droite alors qu'elle est côté gauche sur tous les autres modèles ! Cette particularité est dûe à la boîte Norton à 4 vitesses développée en 1926 pour le side-car TT, en lieu et place de l'habituelle Sturmey-Archer, elle aussi à 4 vitesses. Cette caractéristique contribue à la rareté du modèle 34 et cette version, en particulier, présente une autre différence : sa fourche Druid disponible sur demande à la place de l'habituelle Webb, car elle était considérée comme plus rigide avec un side-car. Le reste de la partie cycle est conventionnel. Comme souvent à l'époque, le tambour de frein est plus gros à l'arrière qu'à l'avant. Le réservoir d'huile est du modèle arrondi apparu en 1928. Celui d'essence, entre-tubes, est festonné - piecrust disent les British - constitué d'un assemblage de panneaux soudés à l'étain.

Le moteur 500 monocylindre culbuté a les côtés longue course (79 x100 mm) qui seront celles des monos Norton, Manx y compris, pendant presque un demi-siècle. Culasse simple échappement, à gauche, avec un curieux silencieux à deux chambres superposées qui eut une existence éphémère, car peu apprécié à l'époque. La distribution est intégralement apparente, les longues tiges extérieures sont rappelées par des ressorts à leur base pour soulager le travail des ressorts de soupape et limiter le flambage sous la pression des culbuteurs. Le graissage périodique des culbuteurs et des guides de soupapes se fait à la burette et à la pompe à graisse. La lubrification à huile perdue se fait par le biais d'une pompe extérieure dont le débit goutte à goutte se règle par un gros cadran moleté., L'huile pénètre dans le bas moteur au niveau des deux cames et de leurs linguets, c'est bon pour leur endurance. À la base du réservoir d'huile, une seringue permet de renforcer ponctuellement le débit en cas d'usage intensif. L'allumage par magnéto ML CM1 ronde à avance manuelle "Norton type" montée à l'avant. À l'opposé de la bougie se trouve un orifice obturé par un bouchon non pas pour un double allumage éventuel, mais pour faire le pendant à celui de bougie et équilibrer ainsi la dilatation de la culasse. La transmission n'a d'exceptionnel que sa chaîne à droite au lieu de gauche habituellement.

Le signe de la position dominante de l'industrie britannique en matière de motos, c'est que tous les accessoires sont anglais ! Pas seulement les composants majeurs de la partie-cycle comme la fourche Druid ou la selle Terry, mais aussi tout le reste. Le moteur est évidemment un Norton, la boîte aussi et les freins ne proviennent pas d'un sous-traitant. Les manettes sont des Doherty, le carburateur est un Brown & Barlow (une des marques qui composeront Amal), la pompe à huile une Best & Lloyd, la magnéto, une ML, il y a de grandes chances que les ressorts de soupape soient des Terry, qu'à l'origine les pneus étaient des Dunlop, la bougie  une KLG … et l'huile Castrol de chez Wakefield !