Norton
750 Commando Fastback - 1968
L'art d'accommoder les restes

Le manque de moyens pousse souvent au génie. Ainsi, en cette fin des années soixante les marques britanniques, touchées de plein, fouet par la crise, en sont réduites à d'éternels replâtrages pour survivre, faute de pouvoir étudier de vrais nouveaux modèles. Norton est exsangue, mais doit pourtant, sous peine de disparaître, contrer les nouvelles tricylindres Triumph/BSA 750 Trident et Rocket. Le brief donné aux ingénieurs de développement est simple : utiliser l'ancien moteur, supprimer les vibrations et faire un nouveau cadre moins cher et sans aucune patte soudée (pour pouvoir faire différentes versions sans modifications). Pari Gagné : la Commando ne transmet (presque) plus de vibrations et son cadre coute 18 £ contre 32 pour le Featherbed.

Le génie remplace les moyens
Le vieux 750 cm3 de l'Atlas offre, comme tous les bicylindres calés à 360°, un couple remarquable… mais de destructrices vibrations. Le génie de l'ingénieur Bob Trigg consistera à inventer un montage souple, baptisé Isolastic, sur bagues métallo-plastiques à dureté réglable, de l'ensemble moteur-bras oscillant. Le résultat est parfait. Le pilote et le reste de la machine sont presque parfaitement isolés des vibrations et la tenue de route est remarquable. Un résultat étonnant, car on a, en effet, tendance à penser qu'une bonne tenue de route n'est obtenue qu'au prix d'un montage parfaitement rigide du bras oscillant dans le cadre. Or, ce qui importe, en fait, est que ce bras soit parfaitement guidé et sur la Commando l'utilisateur a la surprise de pouvoir faire bouger la roue arrière latéralement de plus d'un centimètre !

Un style révolutionnaire
L'autre révolution géniale de la Fastback concernait le style résolument novateur. La moto sortait enfin de l'empilage de ses divers éléments pour présenter un ensemble coordonné. La selle venait se prolonger sur les flancs du réservoir pour former grippe-genoux et un dosseret de selle très aérodynamique était réalisé en polyester. Une énorme platine en aluminium prolongeait les carter et réservoir d'huile latéraux et supportait les repose-pied.

Moteur bicylindre vertical calé à 360° 4 t refroidi par air - 745 cm3 (73 x 89) - 60 ch/6 800 tr/min - Soupapes culbutées - Allumage batterie 12 V/bobine - 2 carburateurs Amal - Boîte séparée 4 rapports - Transmissions primaire (triplex) et secondaire par chaînes - Cadre double berceau - Suspensions av. télescopique, ar. oscillante - Freins à tambour, av. double came Ø 203 mm - Pneus 19" - 189 kg - 183 km/h.

Moto mythique, s'il en est, la Commando a eu le génie d'inventer une conception nouvelle et efficace en se basant sur des éléments existants.