Nougier
250 bicylindre - 1954
L'héritière du fabuleux 500 quatre cylindres
A qui faire croire que des motos de course qui comptent parmi les plus belles jamais construites en France sont dues à un homme qui n'a jamais suivi le moindre cours de mécanique, qui ne disposait que de moyens financiers très limités et de moyens matériels totalement désuets ? Pourtant telle est bien la vérité, pas même enjolivée, quand bien même l'histoire ne se situe pas loin de Marseille... L'homme s'appelle Jean Nougier, "le sorcier de Saint-Andiol". Et la 250 Nougier bicylindre est l'une de ses plus belles créations.
La moitié d'une 500 quatre cylindres
En 1953, largement aidé par le pilote et fondeur grenoblois Collignon, mais aussi par le métallurgiste Aubert et Duval, les carburateurs italiens Dell'Orto et le spécialiste de l'allumage Morel, Jean Nougier entreprend de réaliser de toutes pièces une 350 quatre cylindres, qui est bientôt laissée de côté au profit d'une 500 de même dessin. Un an plus tard, fort de l'expérience ainsi acquise, Nougier se lance, seul et sans aide financière, dans la construction de sa troisième 250 de course après celles de 1936 et de 1940. Une bicylindre cette fois, qui reprend les cotes carrées du 500 quatre cylindres et les carters de la 250 Terrot OSSD de tourisme.
Une belle moto bien peu utilisée
Nougier loge cinq rapports dans le carter de l'OSSD, construit un vilebrequin et une culasse à deux ACT entraînés par chaîne, remplace la magnéto pour un allumage batterie/bobine, réalise un cadre, modifie une fourche Terrot et obtient
170 km/h à
12 000 tr/min. Sa carrière est, hélas, fort brève et son palmarès se limite à deux victoires en courses de côte obtenues à Limonest et Goldbach par "Mickey" Schaad.
Bicylindre 4 t face à la route - 247 cm3
(54 x 54 mm) - Env. 32 ch/12 000 tr/min - Vilebrequin 5 paliers - 2 ACT - Carter humide avec radiateur d'huile - Allumage batterie/bobine/rupteur - Embrayage multidisque dans l'huile‑- Boîte Nougier 5 rapports- Cadre double berceau interrompu - Fourche télescopique Terrot rétrécie - Freins simple came Collignon magnésium Ø 200 mm - 170 km/h.
La 250 bicylindre montre ce que le "sorcier" Jean Nougier, ici au guidon, pouvait créer, en 1954, avec un tour de 1906, une fraiseuse de 1912 et une rectifieuse de 1924 !
Pour en savoir plus sur toutes les motos de course construites en 40 ans par Jean Nougier, se reporter au livre "Nougier- 1932-1972, Le rêve français" par François-Marie Dumas.