Olympus
250 cm3 bicylindre SY - 1961
et 370 cm3 tricilindreTwin SH - 1962
En 1960, Olympus entre dans le clan très fermé des constructeurs de twins deux temps à l'horizontale. Olympus était une marque de Katayama Sangyo établi à Nagoya et sans rapport avec les appareils photos et d'optique. Elle débuta en 1952 avec un monocylindre quatre temps culbuté de 150 cm3 et d'allure fort britannique. Il est suivi par des 250 et 350 quatre temps culbutés de belle facture et Olympus se tourna vers le deux-temps en 1957 avec la 250 Crown flat twin à transmission par arbre réplique des 350 IFA-MZ est-allemandes. Changeant une nouvelle fois son fusil d'épaule, Katayama annonce en 1959 "tenter de s'éloigner au maximum de l'imitation pour viser un produit rempli d'innovations", une véritable école japonaise ne devant rien ou presque à personne. Cette courageuse initiative ne lui réussira malheureusement pas, mais elle mérite largement qu'on s'y attarde.
SY : un Super twin sacrément gonflé !
La surprenante 250 cm3 à deux cylindres horizontaux refroidis par air présentée en 1960 est tout en rondeurs et la disposition de son bicylindre, suspendu façon Rumi, interpelle finalement moins que son monumental réservoir en forme de poisson globe, vous savez ce fameux Fugu, le poisson poison si prisé au Japon qui se gonfle comme ce réservoir pour se défendre. Mais ne vous laissez pas abuser par son volume surprenant, sa face cachée, qui révèle un énorme tunnel pour laisser place au cadre, et sa forme très effilée sur l'arrière font qu'il ne contient finalement que 12 litres de carburant ! Véritable originalité, le moteur reprend, comme tout le monde ou presque, les cotes classiques de la DKW 125 (52 x 58 mm) soit une cylindrée de 246 cm3. Sa première mouture prototype, la S de 1959, annonce 18 chevaux et 130 km/h. Sa boîte 4 vitesses est assistée par un embrayage semi-automatique façon Jawa. C'est-à-dire qu'on utilise le levier au guidon que pour le démarrage, c'est ensuite la course du sélecteur double branche à gauche, qui actionne l'embrayage lors des changements de rapports. L'épine supérieure du cadre est un tube de gros diamètre qui intègre le filtre à air, et le moteur horizontal n'est fixé au cadre quà l'arrière. Comme sur la Lilac TW Dragon, les silencieux sont complètement dissimulés sous la carrosserie, et les deux tubes de l'échappement passent dans le garde-boue arrière.
On garde le bicylindre et le poisson
L'étude dure deux années et ce design original, voire extravagant, sera notablement assagi sur la version SY finale ici présentée. Côté mécanique, la puissance est portée à 21 ch, avec un couple de 1,7 kgm dès 3500 tr/min et une vitesse maxi à 150 km/h. La SY n'a pas à rougir devant la Honda C72, vedette du marché nippon.
Dommage que, pour réduire les coûts de production, la SY a remplacé son cadre tubulaire par une épine dorsale et une demi-coque arrière en tôle emboutie, les échappements sont devenus traditionnels, le filtre à air a été déplacé au-dessus de la culasse du cylindre central et les roues sont passées de 17 à 16 pouces. La seule grosse originalité reste le gros réservoir en oeuf ou plutôt en poisson-globe.
Cette belle Nippone SY fut produite de 1960 à 62 resta confidentielle malgré un prix concurentiel de 163 000 en 60 à 170 000 ¥ en 62 face aux Lilac LS 18-2 V twin à transmission par arbre à 178000 ¥, la Honda C72 à 172 000, ou la 250 TB Suzuki à 175 000 ¥.
La SH 370 cm3 tricylindre
De manière encore plus surprenante, la SY se décline fin 1961 en une SH à laquelle a été rajouté un troisième cylindre. Dans le domaine des machines de course GP, cela pourrait sembler normal, mais un moteur à trois cylindres parallèles et horizontaux en deux temps était alors totalement inédit. En raison de la taille, ce tricylindre de 369 cm3, ne pouvait plus être suspendu comme le modèle SY, et nécessita l'ajout d'un tube vertical de soutien. Le carter moteur excessivement large, reportait aussi les repose-pieds vers l'extérieur, ce qui donnait l'impression de chevaucher véritablement le moteur. Chaque cylindre possédait sa propre culasse. Contrairement au modèle SY à double carburateur, le modèle SH était équipé d'un carburateur unique Keihin PW20 et l'échappement était du type 4-en-2. L'embrayage semi-automatique inauguré avec le bicylindre était conservé. Grâce à l'utilisation d'alliage léger, le moteur ne pesait que 60 kg, et la moto complète n'avouait que 170 kg, 20 de plus que la bicylindre. Bien qu'il ait été présenté officiellement et que son développement ait été annoncé comme terminé, le modèle SH n'a jamais été commercialisé.
Nés bien avant la Honda 750 et la Kawasaki 500 H1 tricylindre, ces Olympus SH et SY auraient pu évoluer et avoir leur place sur le marché international, mais Katayama Sangyo, alors menacé par la faillite. interrompit la production à ses débuts en 1962.
SY 250 : Bloc moteur bicylindre horizontal 2 temps refroidi par air (cylindres fonte, culasses alu) - 246 cm3 (52 x 58 mm) - 21 ch/5000 tr/min - 1,7 kgm/3500 tr/min - Compression 7,2:1 - 2 carburateurs Keihin - Graissage par mélange - Embrayage multidisque humide semi automatique - Boîte 4 rapports et sélecteur double branche à gauche - Démarrage au kick - Transmission par chaine sous carter étanche - Cadre et coque arrière en tôle emboutie Suspensions avant télescopique, arrière oscillante à 2 combinés, bras oscillant en tôle emboutie - Empattement 1310 mm Freins à tambour - Pneus 3,00 x 16" - Réservoir 12 l - 150 kg - 140 km/h.
SH 370 cm3 (quand les caractéristiques diffèrent) - 369 cm3 - Puissance non connue Un seul carburateur - Démarrage électrique et kick Empattement 1380 mm - 170 kg.
En bleu pâle au dessus la SH tricylindre et, en rouge la SY twin, une photo piquée sur internet (ce qui n'est pas dans les habitudes de ce site), où cette rarissime Olympus 250 SH de 1960 était proposée à la vente dans notre pays où elle n'a jamais été importée. Si l'heureux acquéreur me lit, qu'il se fasse connaître. Il ne manque à sa machine que le grippe genoux en caoutchouc.