Paul Vallée est séduit en 1948 par les Lambretta A et B qu'il découvre en Italie et pense à juste titre que cette mode du scooter va se développer en France. Il lance illico dans le projet sa société SICRAF (Société Industrielle de Construction et de Recherches Automobile de France) basée à Aubervilliers dans la banlieue parisienne. Le scooter est présenté à la presse spécialisée à l'été 1949 sur l'autodrome de Montlhéry.  Où Jean Berha, alors champion de France sur Moto Guzzi, est chargé de démontrer les possibilités des trois exemplaires peints pour l'occasion en bleu, blanc et rouge et arborant fièrement le sigle de la marque avec un coq à nos couleurs nationales.

Superbement fini avec une peinture bleu métallisé et de nombreux chromes, le Paul Vallée se distingue par sa suspension avant fort originale constituée d'un seul gros élément télescopique dans la colonne de direction qui se prolonge par le garde-boue en alliage léger, lequel sert également de support à l'axe le la roue avant. Une bien belle réalisation malheureusement plutôt inefficace. La géométrie est mal choisie et le scooter est assez instable d'autant que la suspension arrière coulissante n'améliore pas le tableau. La partie cycle est elle aussi complexe et originale. Un tube de gros diamètre relie la colonne de direction à une cage tubulaire en tubes chromés fixée par des platines en aluminium. Cette cage enserre le moteur, le réservoir, un garde-boue flaqué en aluminium qui porte la suspension et la roue. Les deux selles peuvent coulisser sur les tubes supérieurs pour les réglages. Hélas, les platines en alu prennent du jeu et se rompent parfois. Originalité encore dans les freins où les garnitures sont sur les tambours alors que les mâchoires sont lisses. Le S149 survivra pourtant jusqu'en es 1952 avec un honnête succès commercial, mais la SICRAF sera surtout appréciée pour ces triporteurs utilitaires.

Paul Vallée tentera ensuite par deux fois et sans succès de lancer de nouveaux scooters. Le S 153 est présenté au salon de Paris de 1952 est inspiré cette fois par le Lambretta LC et animé par un moteur Ydral. Seconde tentative un an plus tard avec le BO 54 d'un style beaucoup plus original, assez proche de celui du PP Roussey.