Du passé glorieux de Peugeot, il ne reste plus grand-chose à la fin des années 20. Comme pour tous les autres constructeurs français qui ont dû faire face à la reconstruction et à la concurrence des motos des surplus américains, l'après-guerre est compliqué. Au début des années 20, ne subsiste que des deux temps de petites cylindrées et la 250 SP sort de la gamme fin 1925 sans avoir de remplaçante. Heureusement, Peugeot a débuté l'étude d'une nouvelle gamme en quatre temps qui va faire les beaux jours de la marque pour les 15 prochaines années. Cela commence au salon d'octobre 1926 avec la présentation de la P104, une 350 à soupapes latérales bientôt épaulée par la P105 à soupapes culbutées. 

La 250 P108 à soupapes latérales qui arrive sur le marché en mai 1928, est traitée en bloc moteur à 3 vitesses, la course de 85 mm est identique à la 350 P105 et l'alésage est réduit à 61 mm, donnant un moteur particulièrement longue course. Levier de vitesse sur le bloc moteur, graissage par pompe à engrenage noyée, culasse détachable et embiellage sur roulement, mais bizarrement et contrairement à la 350, la distribution et la transmission finale changent de côté et passent à gauche alors que la transmission primaire à chaîne et l'embrayage se trouvent à droite. La standardisation n'était pas encore complètement acquise chez Peugeot pour ses moteurs ! Le cadre, plus frêle que celui de la 350, a malgré tous la même allure, et les équipements comme la fourche, le réservoir, ou le porte-bagage sont identiques. La P108 va rester 13 ans au catalogue pour n'en sortir qu'en 1940. Elle subira de nombreuses modifications impossibles à lister intégralement ici. Les plus visibles sont un levier de vitesse sur le côté du réservoir en 1930, un échappement à queue de carpe en 1931, la fourche en tôle de la P111 en 1932 avant un retour à une fourche tubulaire en 1934. Cette même l'année, la P108 se dédouble, en une P108S (Standard) et une P108L (Luxe) très largement chromée. En 1936 Peugeot ajoute une version économique avec réservoir plus petit et silencieux d'échappement cylindrique, la P108AT. Les versions S et L, profitant d'une refonte esthétique et d'un nouveau changement de fourche se nomment maintenant AP et AL. Nouvelles appellations en 1939, AP et AL deviennent P108T et P108L. Pendant les treize années de production, six versions de carter moteur et 3 boîtes de vitesse différentes se sont succédés.   

Moto très robuste comme la 350 P107, elle est aussi moins chère de presque 700 F que ses concurrentes, les Motobécane 250 B3 et la Terrot 250 OSC en 1930. Ce fut un des plus grands succès de Peugeot de l'entre-deux-guerres. Grâce, en partie, à la P108, Peugeot franchit pour la première fois le cap des 10 000 motos produites dans l'année 1928. La P108 aura une descendance. En premier, la P111 en 1931. Par augmentation de l'alésage, Peugeot obtient une 327 cm3 bien moins chère à produire que la P107 et, de la P111, sera extrapolée la P112 en 1934. Il s'agit cette fois d'une vraie 350 qui va prendre la place de la P107 pour de bon. Cette P112 se double à sa sortie de la P135 à distribution culbutée construite sur la même base.