Le 26 septembre 1933, neuf jours avant l'ouverture du salon de Paris, Peugeot présente dans son usine de Beaulieu une toute nouvelle gamme de motos dite de "Grande Puissance". Il faut dire que Peugeot est à la traîne dans le domaine n'ayant dans sa gamme quatre temps que des modèles à soupapes latérales à l'exception de la vieillissante 350 P 105. Sur une base mécanique moteur et partie cycle commun, la nouvelle gamme comprend une 350 latérale, la P 117, une 350 culbutée, la P 115, une 500 latérale, la P 517 et une 500 culbutée, la P 515. Les moteurs traités en bloc contribuent à la rigidité de la partie cycle et la boite est à 3 vitesses pour les 350 et 4 vitesses pour les 500. L'aspect volumineux du bas moteur est dû au graissage à carter sec sans réservoir séparé ! Les 3 L d'huile sont dans un réservoir inclus dans le bas moteur, derrière la boite de vitesses. Ce sont des moteurs complexes avec de nombreuses chaînes et engrenages, mais construits avec soin, ils s'avèrent fiables grâce au montage généralisé sur roulements et une pompe à huile surdimensionnée. Le vilebrequin, assemblé en 5 parties, tourne, par exemple, sur 4 roulements. 

La 515, comme les autres culbutées, a une culasse hémisphérique en fonte à double échappement, le code esthétique du modèle "sport" dans les années 30. Les culbuteurs montés sur roulements sont enfermés dans un boitier en aluminium, laissant ressorts et queues de soupapes à l'air libre. A sa sortie en 1934, la P 515 existe en trois versions : N, standard avec réservoir émaillé à grippe genoux, levier de vitesses à main, silencieux chromé, coffre a outils et pas de porte bagage. L, Luxe, avec, entre autres différences, beaucoup de chromes (guidon, garde-boue, réservoir, visserie, ressort de fourche, leviers, carter de chaine ...), des couvercles de carters et de culbuteurs polis, une selle plus confortable et un sélecteur au pied (une première chez Peugeot). GT, Grand Tourisme, identique à la L avec pour différences principales des jantes chromées, un carter de chaine et des repose-pieds différents, un couplage des freins AV et AR, un débrayage au pied, des gaines de câbles en aluminium poli ou chromé, un gros filtre à air Amal, une poignée de gaz tournante et un porte bagage. Le cadre de la P 515 est prévu pour être attelé à un side-car. Mais rien n'est figé puisque pratiquement tout est disponible en option comme le chromage, les porte-bagages, les échappements relevés, la commande de vitesses au pied ou un moteur avec taux de compression augmenté pour fonctionnement au mélange essence-benzol. La 515, produite jusqu'à la guerre, subit de très nombreuses modifications mécaniques, esthétiques ou d'équipements impossibles à lister ici. En 1935, les trois modèles sont les S pour Standard, L et GTS pour Grand Tourisme Sport et les pneus passent de 3,75 à 3,50 x 19". En 1936, modèle NL pour Normal Luxe, HL pour Haut Luxe et GTS. La décoration du réservoir change et la GTS est vendue avec échappement relevé. En 1937, nouveau réservoir avec un lion stylisé en relief sur le côté. La GTS disparait (la HL reprend certaine de ces particularités) et la SP avec moteur haute compression pour fonctionnement au mélange essence-benzol entre au catalogue en tant que modèle et non en tant qu'option. Ces trois modèles perdurent en 1938 et 1939. Ils furent également vendus sous labels Aiglon (500 A 545) et Griffon (500 G 545)

Les 515 vont engranger de nombreuses victoires avec l'équipe officielle ou au mains de privées, en particulier dans les courses d'endurance très populaire dans les années 30. Au Bol d'or 1934, Camille Narcy sur une P 515 remporte sa catégorie et fini deuxième au général et la P 515 est utilisée par Peugeot en 1934 pour battre plusieurs records du monde dont celui des 24 h. En 1934, une 515 standard est vendue 5 900 F et une GT, 7 150 F. Une Terrot 500 RSS qui se positionne entre la N et la L s'affiche à 6 375 F.