Premeta
225 cm3 - 1953
La super Z que Motobécane n'a pas faite
La moto espagnole s'inspire beaucoup des motos françaises dans ses débuts. Luis Bejarano crée
Lube à Luchana près de Bilbao, et lance sa marque en 1941 avec avec une copie grandement améliorée d'une
Terrot MT de 1939 tandis qu'à Barcelone, à l'autre bout des Pyrénées,
Montesa, dissèque une
Motobécane 100 AB1 pour créer son premier 98 cm3 en 1945. Basque espagnol, comme Lube, les Ateliers Mécaniques de Précision de Tallares sont aussi près de Bilbao, à 25km, à Biscaye, dans le désert d'Erandian, où se trouve encore l'usine désormais sans activité. Ils fabriquent des machines-outils, fraiseuses et pantographes et pensent comme beaucoup à s'investir dans l'industrie motocycliste, alors si prometteuse, tout en étant clairs sur le fait que cette nouvelle activité viendrait en complément de ses fabrications et non en remplacement. Considérée comme un test, la fabrication de motos ne fut, au départ, pas prévue pour plus d'une trentaine d'exemplaires qui seront siglés PREMETA (c'est-à-dire les premières syllabes de la raison sociale lues à l'envers).
Une des rares quatre temps espagnoles
Forte de son expérience et de son outillage, Premeta, à la suite de
Sanglas dont la 350 fut commercialisée en 1947, réalise le deuxième quatre temps ibérique de son époque et, qui plus est, en 175 et 225 cm3. Il arrive sur le marché en 1953, en même temps qu'une autre 175 cm3 quatre temps espagnole née à l'autre bout des Pyrénées, la
Rieju Fita - première moto de la marque - équipée d'un moteur français AMC. Dans cet immédiat après-guerre, tous les autres concurrents du pays ne sont que des 100 et 125 deux temps.
Ne vous fiez pas à son air de Motobécane
Alfredo Anfino, qui fut ,semble-t-il, l'ingénieur responsable de la conception et de la construction de la Premeta, a tout simplement a pris pour modèle, et a priori sans aucun contact avec l'usine de Pantin, la
175 Z Motobécane d'un voisin.
Le cadre, sans doute, et toutes les pièces accessoires, phare, fourche avant, etc., sont des éléments de Motobécane à l'exception des roues (en 18" contrairement à la Motobécane alors en 19") et des freins à tambours latéraux en fonte d'acier car l'aluminium était contingenté. Le moteur, en revanche, est une fabrication entièrement maison. On aurait pu penser que cette usine de pantographe aurait profité de son savoir pour réaliser une copie conforme, mais il n'en est rien et cette mécanique est bien plus différente des Motobécane série Z qu'il n'y parait. Si le couvercle gauche est strictement identique à celui de la Française, les carters moteur centraux à plan de joint vertical comportent un gros bossage demi-rond derrière le cylindre et le carter droit, totalement différent, a perdu l'ovale parfait de la série Z. Il semble, hélas, que personne ne soit en mesure de donner des détails sur les changements internes de la mécanique. Tout juste apprend-on que le graissage par barbotage de la Motobécane a été conservé, mais qu'une lubrification par pompe a été testée. Totale différence aussi au niveau de la culasse pour laquelle, si on vit des simples échappements, la majorité des 30-32 exemplaires produits furent des 225 cm3 avec une culasse hémisphérique en alliage léger à double échappement.
Donnée pour un peu plus de 8 chevaux, la Premeta a une vocation très touristique avec un quatrième rapport très long (pour économiser l'essence) mais qui obligeait, dit-on, à rétrograder au moindre faux plat. Cela ne l'empêcha pas de participer à quelques rallyes, comme la première édition des 1 000 km du MC Vigo entre Orense et Pontevedra le 11 août 1956 où elle finit en tête.
32 exemplaires dont seuls 2 survivront
Premeta a construit sur la même base et avec une présentation identique, deux versions qui ne différaient que par l'alésage de leur piston de 56 ou 63 mm, pour passer de 175 cm3 à 225 cm3. (Le même suralésage était pratiqué en France par les adeptes du trial sur des 175 Z modifiées). Au total, vingt-cinq ou vingt-six Premetas sortirent de l'usine Desierto Erandio, une production apparemment prévue comme telle dès le début, à laquelle s'ajoutèrent cinq ou six autres motos en guise de pièces de rechange.
En 1954 la mort subite du fils du propriétaire de l'entreprise mit fin aux projets de moto dont il était l'initiateur, la Talleres Mecanicas de Precision, par ailleurs parfaitement rentable, se diversifie alors avec des machines pour l'industrie du plastique. L'usine fermera définitivement en 1979.
Monocylindre 4 t refroidi par air - 174 cm3 (56 x 71 mm) ou (63 x 71 mm, soit 221,3 cm3 - 8,5 ch/5 800 tr/min - Soupapes culbutées - Compression 7,7:1 - Graissage par barbotage (1,5 l d'huile) - Allumage par volant magnétique - Éclairage par batterie - Bloc moteur-boîte 4 rapports, sélecteur au pied droit - Transmissions primaire par engrenages, secondaire par chaîne - Démarrage au kick - Cadre simple berceau dédoublé - Suspension av. télescopique, ar. coulissante - Freins à tambour latéraux en fonte av. ø 130 mm - Roues 3,00 x 18" - 105 kg - 105 km/h.
La Premeta n'était pourtant qu'une pré-série de test pour l'entreprise bénéficiait d'une présentation et d'une finition particulièrement soignée.