Rhonson
50 cm3 AL 19 - 1957
Une stupidité commerciale confondante !
En 1957, Rhonson présente sa Rhonsonnette AL19 équipée d'un superbe cadre en fonderie d'alliage d'aluminium, qui est d'une beauté émouvante et d'une stupidité commerciale confondante.
Rhonson, né en 1952 à Lyon, au confluent du Rhône et de la Saône, dont l'association phonétique lui donne son nom, débute avec de bien tristes cyclos utilitaires à cadre entre-tubes. Sa première velléité de montée en gamme, en 1955, n'est guère plus excitante, avec un 98 cm3 à moteur NSU qui conserve néanmoins ses pédales. Après ces tristes débuts, Rhonson fait le grand saut vers un luxe de conception dont se moquent bien les cyclomotoristes et commet cette folie de l'AL 19 qui est présenté au Salon 1957. Il sera également vendue sous le label de Rival (Rives d'Allier) à Moulins.
Si belle, en dessous
Si la démarche commerciale est plus que discutable, on ne peut qu'admirer la technique mise au point par les fonderies CLB. II s'agit d'une coulée en coquille d'alliage d'aluminium AS 13, donnant une bien meilleure finition, plus facile à mettre en oeuvre que les précédents exemples de coques de motos ou scooters coulées en sable et exigeant un noyau complexe pour réaliser le réservoir.
Cette coque ne pèse que 6 kg et sort du moule prête à être peinte (ce qu'elle eut bien fait d'éviter d'ailleurs). Il suffit de souder à l'argon un couvercle fermant la partie inférieure du réservoir. Rhonson proposait même en option "et sans supplément", un guidon caréné en aluminium coulé intégrant phare et compteur, qui devait lui coûter nettement plus cher que le classique tube chromé standard.
Cachez ces innovations que vous ne sauriez voir
Admirez, en vignette, le cadre poli par un collectionneur avisé, qui n'a d'ailleurs gardé que cette partie noble du cyclomoteur. Hélas, l'AL 19 commercialisée cachait malheureusement cette construction sophistiquée sous une fade peinture, en beige (comme la Motobécane AV78 apparue en mastic en 1956 avant de passer au bleu en mars 1957) ou en bleu "peugeotesque". Ultime faux pas, la très moderne suspension arrière par bras oscillant, en alliage léger amorti par des blocs en caoutchouc (travaillant en cisaillement sur 60 mm avec un honorable débattement de 40 mm à l'axe de roue), est totalement invisible avec des supports de porte-bagages simulant un arrière rigide !
Moteur à la traîne
Côté moteur, l'AL 19, animée par un Vap 57 monovitesse, offre bien un embrayage automatique et progressif, mais le nouveau bloc Vap à deux vitesses et pédalier incorporé
vu en essai ne sera jamais monté, pas plus que le
Sachs à deux rapports prévu pour l'export. Étonnamment, cet AL 19 est même proposée à un prix presque concurrentiel de 67 500 F, alors qu'il coûte certainement une fortune à produire, surtout en si petite série (curieusement, le plastique est encore plus cher en L
'Ondine de Lucer, premier cyclo dans ce matériau, est affichée à 70 800 F !). Comment lutter avec tant d'erreurs de marketing contre le rouleau compresseur de la révolution des "Bleues" de Motobécane, "Les Bleues", économiquement construites en très grande série ! Face aux
AV 75 et 78 à cadre coque en tôle emboutie, le combat est perdu d'avance. L'AV 78 offre un variateur à courroie Mobymatic pour 70 800 F tandis que l'AV 75, avec un simple embrayage centrifuge comme la Rhonson, ne vaut que 58 000 F. toutes deux ont une suspension arrière coulissante, sans doute moins efficace, mais bien plus visible et vendeuse.
Retour aux (trop) classiques
Échaudé, Rhonson abandonne dès 1958 sa ruineuse Rhonsonnette AL 19 pour avec des modèles sans aucune originalité, le Cybèle, à châssis coque en tôle emboutie (licence Dürkopp, suspension avant à roue poussée et arrière à 2 amortisseurs, et des cyclos sport qui ne diffèrent guère des utilitaires de la gamme que par leurs réservoirs en selle.
En produisant 11 727 exemplaires en 1954, 18 524 en 55, 18 389 en 56 et 20 298 en 57, Rhonson se classe pourtant 5e dans les marques françaises juste derrière Motobécane, Solex, Peugeot, Humblot, Terrot et Automoto. En 1958 elle est pourtant absorbée par
VAP s.a. (Alcyon, Lucer et Rhonson) et disparaît des radars fin 1959. Elle n'aura vécu que huit ans. VAP vivra jusqu'en 1967.
Moteur VAP type 55 monocylindre 2 temps refroidi par air - 47,7 cm3 (40 x 38 mm) - 1,8 ch/5500 tr/min - Allumage/éclairage par volant magnétique Magnéclair 6 V - Carburateur Gurtner D12 - Monovitesse - Embrayage automatique centrifuge - Chaîne nique moteur/pédalier - Cadre coque en alliage léger AS13 - Suspension avant télescopique, arrière oscoillante sur blocs caoutchouc travaillant en torsion, débattement 40 mm à l'axe de roue - Pneus bicolore en 23 x 2 (650 x 50) - Coque 6 kg - 50 km/h.
Le Rhonson AL19, hélas peint en beige, est ici dans sa version export à moteur Sachs 2 vitesses qui ne sera jamais commercialisée. Une fois décapé et poli le cadre (en vignette au dessus) est vraiment plus attirant !