C'est en 1919 que Arnold Legras fonde la Société Industrielle de Constructions d'Automobiles et de Moteur 3 rue Hoche à Pantin avec pour ambition de construire des automobiles de livraison ou autres et leurs accessoires, leurs moteurs, etc.. Pour développer son activité, il s'attache les services de Marcel Violet, grand défenseur du deux temps en France. Dans les effectifs de la Sicam, nous trouvons aussi deux jeunes employés qui vont faire parler d’eux plus tard : Charles Benoit en tant qu’ingénieur et Abel Bardin comme directeur commercial qui créeront les Ateliers de la Motobécane fin 1924 puis Motoconfort à la même adresse à Pantin. En 1920, la Sicam crée la marque commerciale Bi-Temps pour commercialiser des moteurs 2 temps de 2 à 40 chevaux, mais il ne semble pas que ceux-ci aient rencontrés le succès. Une des rares utilisations connues est un 250 monté sur des Motosolo de 1920 à 1923. 

A la sortie de la Première Guerre mondiale, le besoin de motorisation se fait sentir. Quoi de plus simple que de motoriser une bicyclette ? C’est dans ce but que Marcel Violet, avec l'aide de Charles Benoît, met en étude un groupe propulseur amovible. Le résultat est un moteur deux temps de 100 cm3 qui arrive sur le marché au début de 1921. Deux modes de transmission sont possibles. Le premier, à galet sur la roue arrière, avec transmission par courroie entre moteur et galet, est vite abandonné. La deuxième solution adopte une transmission à courroie jusqu’à une poulie intermédiaire puis par chaîne jusqu’à la roue arrière, comme les futures Mobylette ! Le petit moteur Sicam est aussi vendu à des fabricants de motos comme Griffon pour sa Motoclette, dans ce cas, la transmission est composée d’une chaîne jusqu’à un pignon intermédiaire puis une courroie jusqu’à la roue arrière. Il est équipé d'un carburateur Zénith à papillon identique à celui qui sera monté sur la première Motobécane, la 175 cm3 MB1. Le volant peut être monté à droite ou à gauche grâce à un vilebrequin symétrique qui est monté sur roulement à billes. Pas d'embrayage et de boîte de vitesse bien sûr et un poids total de 13 kg avec les accessoires. Rapidement le 100 cm3 est secondé par un 125 qui va faire le gros des ventes. L'écart annoncé entre les deux est de seulement 0,25 ch, mais, dans les faits, le 125 est nettement plus puissant. Avec le 125 préparé par Raoul Pégulu, le record de la catégorie 125 de la course de côte de Gometz-le-Chatel est pulvérisé en 1922 par une Rovin à la vitesse moyenne de 64,3 km/h. En septembre, c’est le record du monde du kilomètre lancé qui est battu à 82,285 km/h dans le bois de Boulogne (aujourd'hui limlté à 30 et 50 km/h !). Le groupe moteur amovible Sicam est vendu 900 F au salon 1922 alors que La Cyclette s'affiche à 950 F. Le groupe SIC (licence DKW) est proposé 800 F au salon, mais sera vendu 935 F dès 1923 et le Cyclotracteur qui commence à dater avec sa conception d’avant-guerre, est proposé à 600 F. 

Outre Rovin et Griffon, le Sicam va être monté par nombre de petits fabricants comme Leloir, Louis Clément, Motosolo, Stella, Ninon, Moto-Merveille ou PEUPLE, mais jamais en grosse quantité. Sicam doit aussi affronter une concurrence féroce et la mode passe rapidement, les clients se tournant vers des motos "clés en main" qui arrivent en masse sur le marché. Fin 1923, la Sicam qui dispose d'un capital bien trop important par rapport à son importance industrielle et qui ne semble pas avoir vendu grand-chose d’autre que son petit moteur, est en difficulté et les investisseurs réclament un retour. Legras est mis à l'écart et la production s'arrête courant 1924. Charles Benoit, Abel Bardin et Michel Steinbach, dernier arrivé chez Sicam, sont partis fin 1923 pour créer Motobécane avec Jules Benezech et le premier modèle de cette nouvelle marque, le 175 MB1 de 1924, aura plus que des airs de ressemblance avec le Sicam.