Arthur Schüttoff qui a créé son usine de machine-outil en 1908 à Chemnitz, décide en 1923 de diversifier sa production. Quatre ingénieurs dont deux viennent de chez Wanderer sont chargés d'étudier la première moto de la marque qui est présentée en 1924. Ce type A, entièrement réalisé à Chemnitz, est une 250 cm3 ( 65 x 75 mm) à bloc moteur et soupapes latérales avec une boîte à deux rapports. Sur cette base l'usine ne va pas cesser d'améliorer son modèle avec une suite d'une quinzaine variations du type A à au type 0. 

La même année 1924 sort le type B, réplique en 350 cm3 de la A qui passe de 2 à 2,75 ch. Les types C et D de 1925, des prototypes d'étude qui ne seront pas commercialisés, laissent cependant une trace dans l'histoire, car la 350 D à soupapes culbutées, qui débveloppe 12ch  et ne pèse que 90 kg, remporte une première victoire en course pour Schüttoff. On va dès lors souvent voir sur les podiums les 350 Schütthoff. 

En 1926 apparaissent deux 350 à à bloc moteur 3 vitesses qui vont devenir les best-sellers de la marque. Le modèle E d'entrée de gamme est une latérale donnée pour 10 ch, se double du très sportif modèle F donné par 15 chevaux, 120 km/h en solo et 105 en side-car. Il inaugure la curieuse sortie d'échappement ailettée qui deviendra la marque de fabrique des Schüttoff course et Supersport.  Ce modèle F remporte rapidement de beaux succès sportifs et devient le modèle phare de la marque. 

Une année plus tard, en 1927, Schüttoff fait sensation avec le modèle H, une 350 à simple ACT entraîné par arbre et couple conique.  Schütoff est d'ailleurs l'un des tout premiers sinon le premier à utiliser cette technique en Allemagne plus ou moins en même temps que Richard Küchen dont on verra un moteur à 3 soupapes à arbre à cames verticales en 1928 puis même, des 4 soupapes à commande desmodromique en 1929. NSU suit le mouvement en 1930 en engageant l'ingénieur britannique Walter Moore qui reproduit en Allemagne pour la 500 SS Bullus un moteur à simple ACT entraîné par arbre extrêmement similaire à celui qu'il a précédemment conçu pour les Norton International.

Bref, première ou pas, la Schüttoff 350 modèle H revendique 18ch à 5500 tr/min et 130 km/h, mais elle rencontre de gros problèmes de fiabilité, dus principalement à la qualité des aciers utilisés pour les couples coniques de l'entraînement de l'arbre à cames en tête.  Il n'en sera construit que douze exemplaires et il semble qu'un seul ait survécu. 

Cette même année 1927 est aussi apparu le premier 500 cm3 de la marque, le modèle G à soupapes latérales donné pour 13ch. La même mécanique est utilisée en 1929 pour le TG,  un triporteur de livraison exclusivement destiné à la Poste à deux roues arrière entraînées par chaîne. 

Fort de ces expériences, le modèle K présenté en 1928 avait tous les atouts pour réussir avec ses 22 chevaux  qui promettaient un bon 130 km/h, mais les conditions économiques en Allemagne sont hélas catastrophiques et Arthur Schüttoff décide de vendre son entreprise à DKW, qui détient déjà une participation substantielle dans l'entreprise. DKW va continuer pendant un certain temps avec la marque Schüttoff, en équipant de son moteur quatre temps la JS 500, tandis que les DKW L 200, L300 deux temps et la RS 200 à moteur Sturmey Archer sortiront siglées Schüttoff type L et M. Schüttoff fournira aussi à d'autres marques des moteurs seuls sans boîte de vitesses, les type N à soupapes latérales et O à soupapes culbutées dont quelques centaines d'exemplaires équiperont des Imperia.