Suzuki
850 GS ItalDesign (G. Giugiaro) - 1979
Giugiaro tente, en vain, de réinventer la moto
Quelle que soit l'époque, les rapports des designers avec la moto n'ont jamais été aussi roses qu'avec l'automobile. Jusqu'à ce que les constructeurs les encadrent de plus près et les canalisent enfin, ces "artistes" n'ont pas toujours saisi ce qu'était une moto et ils ont souvent cherché à imposer des solutions irration-
nelles (ce qui ne pardonne pas sur un engin aussi purement mécanique) ou choquantes (ce qui ne pardonne pas plus sur un produit aussi émotionnel). Bien peu réussirent à combiner technique et beauté sur ces engins où la triche est délicate et dont les adeptes, riches d'une certaine culture motocycliste, sont aussi avides de nouveautés que
conservateurs.
Égaré dans la moto
Giorgetto Giugiaro est aujourd'hui l'un des designers les plus connus et l'un des plus prolifiques dans le monde automobile et sa griffe, ItalDesign, est un label recherché. Son champ d'activité s'étend aussi à bien des produits de consommation courante et, notamment, à des
pâtes pour Barilla ! Il faut pourtant le reconnaître : Giugiaro fit preuve de bien peu de flair lui qui en a tant en affaires et lorsque à l'initiative du bimensuel allemand Das Motorrad, il présenta cet engin, conçu sur la base de la GS
850 Suzuki. La lourdeur des lignes pouvait certes relever d'une exigence teutonne, sous l'influence des thèses alors très en vogue dans l'atelier Target Design de Hans Muth. Mais que dire des poignées et commandes de la machine ? Quiconque a déjà tenu un guidon sait qu'y renoncer, c'est déjà renoncer à l'essence de la moto.
On recommence quand ?
Ni jolie ni intelligente, ni pratique ni inspirée, la Suzuki-Giugiaro ne se justifiait en aucune façon et cette uvre de commande retomba bien vite dans un anonymat dont elle n'aurait jamais dû sortir.
Caractéristiques techniques strictement identiques à celles de la
Suzuki GS 850 G de série.
Design et moto ne font pas toujours bon ménage, même lorsqu'on fait appel aux plus grands noms. La moto qui mettra en évidence tout le talent, pourtant bien réel, de Giorgetto Giugiaro, reste encore à dessiner.