Quel lien existe-t-il entre un roi numide du IIIe siècle av. J.-C. et une fabrique de cycles nantaise ? Aucun, a priori. C'est pourtant du nom de ce personnage exotique que Monsieur Levron à choisi de baptiser la marque qu'il a fondée en 1932, rue de Coulmier à Nantes. Cette entreprise familiale n'a longtemps fabriqué que des bicyclettes et c'est seulement vers 1952 qu'elle se lance dans la construction motocycliste. 

La période est alors favorable aux petits assembleurs : le marché est en expansion et l'offre des gros constructeurs peine à satisfaire la demande ; de plus il existe alors tout un réseau d'industriels spécialisés produisant tous les éléments constitutifs d'une moto : moteurs, allumages, freins, réservoirs, guidons, phares, accessoires de tôlerie... etc. Il ne reste alors au candidat constructeur qu'a concevoir un cadre plus ou moins original. Et sur ce plan les réalisations Syphax sont plutôt réussies et témoignent d'une volonté certaine de qualité. Après quelques vélomoteurs à moteur Sachs, Syphax se tourne vers les mécaniques AMC pour motoriser les modèles supérieurs de sa gamme, comme la 175 de cette photo qui s'affirme comme la plus luxueuse et la plus belle des 175 à moteurs AMC. Elle partage cette superbe présentation en émail et chrome avec la 250 AMC qui sera produite à fort peu d'exemplaires.

La partie cycle de cette moto reste très classique et représentative des techniques de l'époque : cadre simple berceau dédoublé sous le moteur, fourche télescopique à l'avant et bras oscillant à l'arrière ; la seule originalité vient de l'utilisation de tubes carrés pour la partie centrale du cadre. Le moteur est le bloc moteur AMC 175 à quatre vitesses dans sa version sport. Extérieurement presque rien ne la distingue d'un moteur de série normale si ce n'est la présence, près de l’oreille de fixation arrière d'une prise de compte-tours fermée par un gros écrou hexagonal. Les modifications sont plus importantes à l'intérieur : arbre à cames spécial, piston haute compression, allumage réglé en conséquence. Résultat, la puissance grimpe de 8,5 ch sur un moteur de série à 10,5 ch sur un Sport ce qui permet de dépasser un peu les fatidiques 100 km/h. Cette brillante mécanique est magnifiquement mise en valeur par de nombreux chromes sur le réservoir, le phare et les fourreaux de fourche. Et pour arrêter tout cela, une paire beaux moyeux freins monobloc de marque Idéal de 150 mm de diamètre.