Viatka (ou Vyatka)
VP 150 - 1962
Copie conforme, mais rustique
L'ex-URSS n'échappait pas aux modes de l'Ouest et la vogue du scooter l'atteignit dès le milieu des années 50. Pourquoi pas nous se dit-on au plus haut niveau ministériel de cette ère Kroutchevienne. Les capacités industrielles existent et ordre est donc donné aux ingénieurs de concevoir un concurrent de la Vespa dans les six mois. Pas de problème. Baptisés Viatka, qui est le nom de la rivière qui borde l'usine Vyatskiye Polyany très à l'est de Moscou et également celui d'un petit cheval noir et local, les premiers scooters soviétiques sont mis sur le marché au début de 1957. Pourquoi changer une recette qui marche, les ingénieurs, pressés par le temps, se sont contentés de réaliser une copie sans licence, rustique, mais plutôt fidèle de la Vespa 150 GS sortie fin 1955.
Sovietisé
Le Viatka (souvent écrit Vyatka) en reprend la ligne rondouillarde et le nouveau guidon avec phare incorporé en fonderie d'alu. Pour supporter les nids de poule des routes soviétiques, le châssis-coque est en tôle plus épaisse et les pneus sont plus larges (4,00 x 10" au lieu de 3,50) ; résultat 8 kg de plus que la Vespa : 120 contre 111. Le Viatka est aussi plus long de 15 cm, plus haut de 10 et avec empattement de 2 cm de plus, 120 cm. Les soudures sont également beaucoup plus "visibles" et la belle teinte vert pomme rappelle plutôt celle de Vespa plus anciennes ; quoiqu'il en soit, elle s'écaillait, dit-on, en moins d'un an. Autres différences de détail, un doseur dans le bouchon pour fabriquer son mélange (non disponible en URSS) et un phare réglable par commande au guidon. La mécanique, itou, est plus que similaire à celle de la guêpe italienne avec une course plus longue d'un millimètre (57 x 58 mm contre 57 x 57 pour la Vespa). Le moteur est fixé sur le côté droit de la roue arrière et intègre une boîte à 3 rapports commandés au guidon. La différence vient des performances, 4,5 ch à 4500 tr/min (puis 5,5 ch en fin de carrière) contre 8 ch à 7600 tr/min, et à peine plus de 70 km/h contre juste un poil plus de 100 pour l'italien.
3 fois plus vendu que la Vespa 150 GS
N'empêche que, faute de l'original qui eut surement plus plu, cette première mouture du Viatka se vendit à 300 000 exemplaires de 1957 à 1965 date où Piaggio a finalement dit que la coupe était pleine. Lui avait entre temps écoulé beaucoup moins de 150 GS : 12 299 de 1955 à 57 plus 79 999 de 1958 à la fin de la production en 1961. Il est vrai que l'URSS était grande et que le VP 150 y bénéficiait d'un bon rapport qualité prix, vendu l'équivalent d'alors de 87 500 F de nos francs alors que chez nous, en 1958, une Vespa 150 GS valait 162 500 F
Monocylindre 2 temps refroidi par air forcé - 148 cm3 ( 57x 58 mm) - 4,5 ch/4 500 tr/min - Graissage par mélange à 6 % - Boîte 3 rapports commandée par poignée tournante au guidon - Transmission directe à la roue arrière - Démarrage au kick - Coque autoporteuse en acier - Capots latéraux et garde-boue av. en acier - Suspensions av. monobras à roue tirée, ar. moteur-bras oscillant et amortisseur hydraulique - Roues tôle d'acier, pneus 4,00 x 10" - Freins à tambour - L/l/h : 1850/800/1100 mm - Empattement : 1200 mm - Réservoir 12 l - 120 kg - 70 km/h.
Insidieux pouvoir de la propagande, les utilisateurs russes étaient, dit-on, persuadés que c'est Vespa qui avait plagié Viatka ! Ce bel exemplaire du Viatka VP 150 de 1962 est l'un des 120 scooters exposés au musée Scooters e Lambretta à Rodano près de l'aéroport de Linate à Milan.