Victoria (Zweirad Union)
"Tin Banana" 50 cm3 type 155 - 1961
La Cadillac des tasses à café
Cet exercice de style superbe et déraisonnable inspiré par les road cruisers américains de l'ère des avions à réaction, était pour certains, l'expression même du modernisme, alors que d'autres la surnommaient Tin Banana "banane en fer blanc". Plus prosaïquement, le communiqué de presse de la Zweirad Union à Nuremberg parlait " de style dans l'harmonie des formes" pour cette sculpturale banane mécanique conçue sur la base de la longue série des DKW Hummel née en 1956.
Zweirad Union : Victoria, DKW et Express
Cette moto légère, qui allait devenir une icône du design européen du XXe siècle, existait en plusieurs variantes vendues sous les labels Victoria, DKW et Express (bien moins diffusée) qui ne différaient que par leurs couleurs : Victoria 115 : bleu avec réservoir crème et siège blanc, DKW Hummel 115 : anthracite avec réservoir crème et siège blanc, Express 115 : couleur sable avec réservoir crème et siège blanc. Une variante supplémentaire (disponible pour chaque marque de Zweirad Union) était le rare Kavalier : blanc perle avec réservoir marron et siège rouge. Un autre modèle "Tin Banana" construit par Zweirad Union était le Type 155, extérieurement identique au 115, mais en catégorie vélomoteur, avec une puissance de 3,7 puis 4,2 chevaux et une vitesse de 70 km/h.
Le design pour échapper à la crise
La seconde moitié des années cinquante est marquée par une grave crise du motocyclisme en Allemagne de l'Ouest et la disparition de nombreuses firmes. La surproduction est telle que les stocks d'invendus, à l'époque du salon de Francfort de 1956, se chiffrent à 300 000 motos, scooters et cyclomoteurs.
Le salut semble être dans la voiturette ("Kleinwagen") qui attire de plus en plus les motocyclistes frileux : un créneau dans lequel s'engagent Auto-Union-DKW, Goggomobil avec l'Isard, Maico, BMW avec l'Isetta, Heinkel avec la Kabine, Zündapp avec la Janus ou encore Hoffmann. Pendant ce temps, Mars et Ardie ont fermé leurs portes, TWN est vendu à Gründig (radios et magnétophones), Adler ne fabrique plus que des machines à écrire, Maico réussit à survivre grâce à un concordat; BMW et NSU s'en sortent grâce à l'exportation.
L'Union essaie de faire la force
Victoria de Nuremberg réagit à la crise, en 1958, en reprenant les productions d'Express puis en concluant un accord avec DKW qui entend se concentrer dans l'automobile. De ces regroupements naît la "Zweirad Union" qui, tout en important les scooters italiens Lambretta, axe sa production sur les cyclomoteurs. L'un des plus représentatifs est le 115/155 qui n'est autre qu'une version rhabillée du Hummel ("bourdon") de DKW. De ligne futuriste avec son vaste garde-boue avant aux lignes tendues et son phare fixe prolongeant le réservoir, il existe aussi en version moto légère de 100 cm3 et 8,5 ch. On s'en doute en voyant leur remarquable finition, les 115 et 155 étaient hors de prix et les 29 000 exemplaires vendus, loin de relever les trois marques de la Zweirad Union, contribuèrent à sa disparition vers 1965 en dépit d'une ultime tentative de retour à la compétition en 1962 avec un 50 cm3 dû à l'ingénieur Wolf, ex-DKW.
Bloc-moteur monocylindre incliné 2 temps refroidi par air forcé - 49 cm3 (40 x 39 mm) - type 115 : 2 ch/5000 tr/min, 155 : 3,7 puis 4,5 ch/6 800 tr/min - Lubrification par mélange - Allumage par volant magnétique 6V 15 W - Embrayage multidisque humide - Boîte à 3, 4 ou 5 rapports selon versions, sélecteur au pied gauche - Transmission par chaîne sous carter étanche - Démarrage par kick (pédales-repose-pieds pour les versions 115) - Cadre poutre en tôle emboutie - Suspensions av. fourche à roue poussée type Earles, ar. oscillante à 2 combinés - Pneus flancs blancs 16" - Freins à tambour ø 120 mm - Réservoir 6,5 l - 74 kg- 115 : 40 km/h, 155 : 75 km/h.
Sous une même présentation très design, les Zweirad Union types 115 et 155, étaient vendus sous label DKW, Express ou Victoria comme sur cette photo.