Victoria
R 200 Peggy 200 cm3 - 1956
Un demi-siècle plus tard, elle aurait fait un carton !
Il faut reconnaître qu'en cette période de crise que vécût la moto depuis le milieu des années 50, Victoria fît de fantastiques efforts créatifs pour tenter de réveiller le marché : En moto, en octobre 1953, au salon IFMA à Francfort avec les révolutionnaires
200 Swing et Peggy et leurs boîtes de vitesses semi-automatiques commandées par boutons, puis, en 50 cm3, avec la création en 1958 de la Zweirad Union réunissant Victoria, DKW et Express pour produire les modernistes
types 115 et 155. La grande marque de Nuremberg ne sut sans doute pas trouver le bon angle d'attaque et ne put malheureusement enrayer l'inexorable déclin de la moto en dépit de ses louables efforts. Vaincue, la firme disparaît définitivement en 1966.
Quel modernisme !
Les Swing et Peggy développées par Norbert Riedel (le père de la Imme) pour la technique et Louis Lepoix pour le style de la seconde, sont, tous deux, présentés à l'IFMA de 1953. La KR 21 Swing est commercialisée fin 1955 et sera vendue à 3500 exemplaires, tandis que des problèmes techniques repoussent la mise sur le marché de la Peggy à la fin de 1956. Elle n'est vendue que jusqu'en 1958 à seulement 342 exemplaires.
Trop en avance sur leur temps et sans doute trop rapidement développés, ces deux modèles eurent aussi quelques ennuis techniques. Leur mécanique était difficile d'accès, en partie parce que le bloc moteur-transmission du côté droit se doublait d'une branche gauche du bras avec un second amortisseur. Pour réaliser un carter de chaîne très fin, le brin de chaine inférieur était relevé par un pignon tendeur. L'ensemble baignait dans la même huile que la boîte de vitesses. Et, quel modernisme ! Il faudra attendre les boîtes à double embrayage des
Honda, apparues pour la première fois sur la VFR 1200 F de 2010, pour retrouver un tel progrès. Plus de sélecteur. Sur les Swing et Peggy, il suffit d'appuyer sur l'un des quatre boutons au guidon et un système d'électro-aimants passe les rapports.
Lepoix entre deux styles
Côté style, on ne peut pas dire que ce soit le chef-d'oeuvre du pourtant si talentueux
Louis Lepoix qui navigue alors entre deux styles, entre les lignes aérodynamiques de ses débuts et celles plus tendues qui suivront. La Peggy, déjà peu aidée par un nom à consonance féminine, a une ligne rondouillarde et boursouflée associée au pire défaut qu'un concept de style puisse avoir : on ne sait pas trop ce que c'est, même si Victoria insiste vainement sur sa définition de moto-scooter ; rien n'y fit.
Moteur 2 temps à cylindre incliné refroidi par air forcé - 197 cm3 (65 x 60 mm) - 10 ch/5000 tr/min - Distribution par la jupe du piston - Lubrification par mélange - Allumage batterie-bobine 12 V - Démarreur électrique - Boîte 4 rapports à commande électromagnétique du mécanisme à billes - Transmission par chaîne sous carter étanche - Cadre berceau ouvert monotube - Suspension avant à biellettes et roue poussée, un seul amortisseur derrière le phare ; arrière bloc moteur-transmission oscillant et 2 amortisseurs - Freins à tambour ø 180 mm - Pneus 3,25 x 16" - 3,2 l/100 km - 140 kg - 95 km/h.
Arrivée trop tard dans un marché en chute libre, la Peggy comme la Swing ne firent qu'accélérer les déclin de Victoria.