Yamaha
500 OW 61 / Kenny Roberts - 1982
Le crabe ne roulait pas droit

Début 1982, Kenny Roberts ronge son frein : après avoir décroché le titre mondial trois ans de suite, il vient de subir la loi de Lucchinelli, et veut récupérer son bien. Pour cela, il met la pression sur Yamaha pour obtenir, enfin, la moto convenant à son style de pilotage.

L'usine fait le forcing
Yamaha le prit au sérieux. Durant l'hiver, ce n'est pas une mais deux motos totalement différentes qui ont été développées. Si l'OW 60 de Sheene, Crosby et Fontan est une extrapolation de l'OW 54 de l'année précédente, avec ses quatre cylindres en carré et ses quatre distributeurs rotatifs latéraux, l'OW 61 de Kenny Roberts est entièrement nouvelle. Son moteur adopte une disposition en V, avec deux distributeurs rotatifs logés au centre du V. La partie cycle, quant à elle, innove par le montage transversal de l'amortisseur arrière qui est "pincé" entre deux biellettes, ce qui vaudra à cette machine le sobriquet de "crabe".

Surcharge de travail
Yamaha a voulu trop bien faire. Le développement des deux versions est trop lourd, et Roberts va passer la saison à apprendre sa moto, dont la tenue de route est délicate, le moteur trop violent, les pneus non adaptés… En fin d'année, le titre est à nouveau pour Suzuki, avec Uncini, et Roberts n'est que quatrième. Il n'aura qu'en 1983 la moto qu'il souhaite vraiment, l'OW 70. Ce sera une pleine réussite, qui n'aura qu'un tort : trouver sur sa route un certain… Freddie Spencer, l'éphémère génie des Honda. L'OW 61, quant à elle, aura au moins eu le mérite, en ces temps de conformisme frileux, de défricher de nouvelles techniques.


4 cylindres 2 t en V refroidis par eau, à deux vilebrequins - 498 cm3 (56 x 50,6 mm) -
130 ch/11 500 tr/min - 2 carburateurs double corps Ø 34 ou 36 mm - Boîte 6 rapports - Cadre Deltabox en tôle d'alu caissonnée - Suspension av. télescopique, ar. à bras oscillant et combiné transversal - Freins av. et ar. à disque - Roues 18" - 120 kg - 290 km/h.

Un palmarès modeste, mais une originalité technique appréciable, dans une catégorie plus habituée à l'évolution qu'à la révolution.